À votre service : chapitre 11


Bonjour à tous !

Décembre... Voilà la fin d'année arriver u_u

Dur de se dire qu'on entre dans la période "tous calfeutrés dans son lit !". Quoique... ça vous donne une excuse pour lire ce nouveau chapitre ^^.

© Jordane Cassidy - Décembre 2017


 

11

“Plus on sait, plus on doute.”

De Pie II 


— Hey ! Salut Cam ! Comment vas-tu ? Ça se passe bien avec ton boss ? Ton travail n’est pas trop chiant ?

— Ça va…

— Tu es sûre ? Tu as une petite voix.

— Oh ! C’est juste un coup de cafard. Vous me manquez tous.

— Tu sais, Papa n’arrête pas de nous dire que tu exagères à ne pas passer plus souvent à la maison ! Maman tempère. Mais bon, tu connais Papa. Ses filles, c’est la prunelle de ses yeux.

— Franchement, vous voir me ferait du bien aussi, mais ce ne sera pas pour tout de suite.

— Tu bosses avec un tyran. Il te doit des jours de repos ! Qu’il n’en prenne pas, c’est son problème ! Mais qu’il n’en fasse pas pâtir les autres. Je veux voir ma sœur !

— Si les choses étaient aussi simples… C’était une des conditions à l’embauche, Eli. Je ne peux pas venir gueuler maintenant.

— Tu es trop gentille. Tu as des droits liés au Code du travail !

Camille ne répondit rien à sa sœur. Après ce que lui avait dit Valentin, elle se sentait mal, au point d’hésiter à démissionner. Elle se sentait cruche à être juste « un cas à vérifier » pour lui.

— Eli… Tu penses que je suis idiote ?

— Comment ça ?

— Je veux tellement faire plaisir, être parfaite, ne pas décevoir et être appréciée que…

— Que quoi ? Cam, ne doute pas de ce que tu es !

— Il m’a embauché pour voir jusqu’où je suis prête à aller pour le satisfaire. Il veut juste tester ma gentillesse, mon altruisme. Je me sens tellement idiote ; ça n’a rien à voir avec mes compétences ou mon travail. Il me juge pour ce que je ne suis pas !

— Cam, calme-toi ! Ne t’emballe pas ! Tu as dû mal comprendre ses intentions. Ton engagement pour les autres n’est pas un mystère. Tu as toujours été comme ça. Mais c’est aussi ta force, ta compétence première, bien avant de savoir passer la serpillière ! C’est ce qui fait la différence avec les autres candidates, ce qui fait qu’on t’aime.

— On m’aime justement parce qu’on peut profiter de moi. Je sais que je suis naïve et j’en ai encore la preuve. J’étais si contente de cette embauche…

— Oula ! OK ! Je vois… La grande sœur déprime ! Écoute… Il a cerné ta propension à te démener pour ton prochain, mais en même temps, n’est-ce pas aussi ce qu’il attendait de sa future employée de maison ?

— Oui… répondit Camille, complètement anéantie.

— Bien, alors il a répondu à son besoin. Il a trouvé sa perle. Je ne sais pas comment il te l’a dit, comment il l’a formulé, mais je suis sûre qu’il ne l’a pas dit dans la volonté d’être méchant ou blessant. C’est juste une mauvaise interprétation entre vous. Éclaircis ce point avec lui, montre-lui qui tu es et ne te laisse pas avoir par des craintes ou des doutes. Persévère avec lui ! S’il t’a choisie, c’est parce qu’il a vu du positif en toi avant tout ! Il a besoin d’une personne comme toi dans son quotidien. C’est certain ! N’en doute pas !

Camille souffla, bien obligée d’admettre que sa sœur avait raison.

— Tu as sans doute raison, mais j’ai tellement peur d’être encore déçue. J’en ai marre du « trop bonne, trop conne »…

— Ne t’inquiète pas ! Tout va bien se passer.

— Oui, je dois te laisser. Il va arriver. Je dois préparer le repas du soir.

Eli se mit à rire à travers le combiné du téléphone.

— Tu vois ! La parfaite ménagère ! C’est inné chez toi, on ne pourra pas te changer ! T’es bonne à marier ! Moi, je te le dis !

Camille se mit à sourire plus joyeusement cette fois-ci. Les encouragements de sa sœur lui faisaient un bien fou.

— Peut-être… En attendant, ce n’est pas mon mari et je n’ai pas le choix. Volontaire ou pas, je dois le nourrir.

— Alors va nourrir cet estomac sur pattes !

— Je te rappellerai. On n’a pas eu le temps de parler de toi.

— Ma vie n’est pas aussi trépidante que la tienne. C’est la routine : bouquins, recherches, écriture, dodo ! La vie estudiantine, quoi ! Allez, va ! Je dis à tout le monde que tu les embrasses.

— Merci ! lui souffla Camille. Bisous.

— Bisous.

 

Camille posa son téléphone avec nostalgie. Les discussions avec sa frangine, le soir, après une dure journée, lui manquaient.

Tu as peut-être raison… C’est moi qui pense au pire alors qu’il n’en est peut-être rien.

Camille avait quitté le salon la veille, sans dire un mot. Elle avait osé planter son patron en plein repas. Côté professionnel, elle avait eu tout faux. Savoir les raisons de son embauche était déjà trop difficile à accepter pour elle, alors connaître la réponse aux interrogations de son patron était tout aussi difficile à entendre.

Ce matin, elle s’était motivée pour l’affronter, mais elle avait gardé la boule au ventre pendant tout le petit déjeuner. Elle ne lui avait pas adressé un mot à part les formalités d’usage comme « bonjour », « bon appétit », « à ce soir ». Lui-même ne lui avait fait aucun reproche sur son départ hâtif de la veille. Il s’était comporté comme si de rien n’était, ce qui ne l’aidait pas à se sentir légitime dans son attitude. Elle avait l’impression de passer pour la nana capricieuse et susceptible.

Ce soir, elle faisait les cent pas. Il n’était pas rentré à midi, prétextant un repas d’affaires.

Je dois savoir ce qu’il pense de moi… réellement ! C’est essentiel pour le devenir de mon job ici.

 

La porte d’entrée s’ouvrit enfin et Valentin apparut dans le salon. Il posa ses affaires et lui lança un « bonsoir » fatigué.

— Bonsoir ! lui répondit-elle un peu angoissée.

L’issue de cette soirée était entre leurs mains.

— On mange quoi ce soir ? lui demanda-t-il d’une humeur plutôt conviviale, ce qui contrastait avec les précédents retours chez lui.

— Spaghettis à la bolognaise.

Valentin lui offrit un large sourire heureux.

— Ah ? Ce soir, j’ai droit au must de Miss Bonin : des pâtes !

Surprise de sa réflexion, Camille eut du mal à retenir un sourire sur ses lèvres.

— Ça tombe bien ! lui déclara-t-il. J’ai faim ! J’ai envie d’un truc consistant. Le resto du midi n’était vraiment pas terrible !

Camille s’affaira en silence devant la cuisine. Le repas ne semblait pas être encore prêt. Valentin regarda le salon et sourit. Il s’assit au comptoir, à sa place habituelle.

— Pas de bêtises dissimulées aujourd’hui ? lui demanda-t-il, taquin.

Camille cessa un instant de remuer sa sauce tomate avec la spatule.

— Si, j’ai fait un trou au milieu de votre polo rouge en repassant, j’ai décoloré votre jean et j’ai mélangé le linge blanc avec la couleur dans la machine à laver le linge, parce que c’est plus fun !

Valentin observa son dos, se demandant si elle était sérieuse ou non, puis sourit.

— Alors comme ça, vous avez décoloré mon jean ? Il va falloir régler votre manie de tout décolorer, sans déc’ ! Sol, jean… Je m’inquiète pour vous ! Dois-je retirer la javel et autres décapants de vos mains ?

Camille ne put s’empêcher de pouffer sur le moment devant ses paroles, puis se rappela de sa mission : éclaircir les raisons de son embauche.

— Que voulez-vous ? Vous avez embauché une cruche qui ne comprend pas tout, tout de suite, tellement aveugle à vouloir bien faire pour satisfaire son prochain qu’elle fait n'importe quoi !

Valentin tiqua à ses mots, analysant pourquoi elle en venait à remettre ça sur le tapis, puis secoua la tête.

— C’est pour ça que vous évitez toute discussion avec moi depuis hier ? Vous pensez que je me moque de vous, que vous êtes idiote à ce point ?

Camille se retourna, cette fois, fâchée.

— Bien sûr ! Vous n’êtes pas le premier à profiter de ma gentillesse ! Je sais que certains me trouvent naïve, idiote. Soyez franc ! Vous m’avez embauchée parce que ma crédulité et mes maladresses vous amusent ! C’est ça votre réponse ! Ça n’a rien à voir avec une question d’altruisme ou de compétences !

Valentin soupira et se leva. Il contourna le comptoir et alla la rejoindre dans la cuisine. Tranquillement, il ouvrit un placard et attrapa de la vaisselle.

— Qu’est-ce que vous faites ? C’est à moi de mettre la table ! Même ça, vous pensez que je suis incapable, avec mes deux neurones, de le faire ?

— Je sais que vous savez mettre des couverts. Vous l’avez déjà fait sans problème. Cependant, je suis chez moi et si je veux mettre la table, moi aussi je peux le faire. Je n’ai pas embauché une esclave !

Camille baissa les yeux. Elle s’occupa de finir de préparer ses spaghettis en silence. Il n’avait pas démenti ses propos. Il était comme les autres ; il se moquait d’elle.

Tout ça pour une paie à la fin du mois…

Elle se retourna vers le comptoir avec son plat alors qu’il finissait de dresser la table. Tout à coup, elle tiqua sur un détail.

— Vous avez mis deux couverts… On attend du monde ?

— Oui ! Ce soir, je mange avec mon idiote de gouvernante ! lui répondit-il, sarcastique.

— Quoi ?

— Je suis rentré un peu plus tôt, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Vous n’avez donc pas encore mangé de votre côté, n’est-ce pas ?

— Non… dit-elle, admettant l’évidence.

— Parfait !

Camille se redressa un peu, avec l’envie farouche de rester maître de ses envies.

— Désolée, l’idiote de gouvernante qui n’est pas votre esclave ne mange pas avec son patron. Ce n’est déontologiquement pas correct. En plus, j’ai prévu autre chose !

Valentin leva un sourcil, amusé tout à coup de sa rébellion.

— Eh bien, c’est simple ! Vous annulez ce que vous avez prévu et comme vous devez être à mon service H24, considérez cela comme un ordre !

Camille fronça les sourcils et posa les mains sur ses hanches.

— Vous vouliez voir jusqu’où va mon dévouement ? Voilà votre réponse !

Elle retira son tablier avec agacement.

— Bonne soirée !

Elle tourna les talons sous le regard effaré de Valentin qui la vit s’éloigner vers son studio.

— Vous n’avez pas peur que je vous vire à force ? Ça devient une manie chez vous ! lui cria-t-il alors.

— Faites, si ça vous chante ! Vous sauverez l’estime de l’idiote de service !


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