Extrait 2 JTV4 : Chap 12

 

— Je répondrais à tes questions si tu me suis. Veux-tu me suivre, Kaya ?

Kaya regarda la main d’Ethan un instant, puis expira fortement comme si la réponse était évidente, comme si elle ne pouvait au final que céder malgré ses peurs et ses réticences. Elle était trop gentille, trop souple, trop confiante humainement. Une certaine conviction en elle la poussait toujours à croire en l’être humain quelque soit ses mauvais actes et Ethan avait toujours ce pouvoir sur elle de la convaincre du bon côté de son être, alors même qu’il pouvait être le plus détestable au monde. Une main tendue, un sourire ravageur et un regard plein d’attente, et elle se savait déjà prête à dire « oui ». Elle tapa donc sa main en ultime protestation contre sa faiblesse à accepter ses ignominies comme si rien n’était suffisamment grave pour en faire un foin et lui attrapa le casque, pendu au guidon, qu’elle portait plus tôt dans la soirée.

— Tu m’énerves ! Je te jure, il n’y a pas type plus agaçant que toi !

Ethan afficha un grand sourire heureux, comme si cette phrase était la plus belle acceptation à son repenti. Chaque nouvelle capitulation était toujours plus exquise. Chaque armistice amplifiait le soulagement de son cœur à la voir rester non loin de lui et continuer leurs petits jeux.

— Il en va de soi ! Je n’aime pas être gentil ! lui répondit-il au tac au tac.

Kaya grimaça et enfila son casque. Ethan se sentit plus léger. Bizarrement, dire à voix haute qu’il n’aimait pas être gentil le confortait sur ce qu’il voulait toujours démontrer… 

 La gentillesse mène à la douleur…

Il était heureux d’être si détestable à ses yeux. C’était devenu une évidence : rester un connard devenait la plus belle raison à son bien-être et à leur bonne entente. Pas de douleur latente à espérer quoi que ce soit en retour, en vain. Kaya composait avec son attitude affreuse et s’y faisait, telle une fâcheuse habitude chez lui qu’elle prenait comme une part entière de son être, mais qui le gratifiait en même temps. Il était détestable et elle s’en accommodait.

Pourrait-elle aimer même cela ?

Son cœur se gonfla de bonheur à cette idée d’être apprécié sans avoir à être bienveillant. Il enfila son casque et elle grimpa derrière lui.

— Où va-t-on ? demanda-t-elle une fois prête, alors qu’il redémarrait et passait la première du pied.

— C’est marrant cette façon de répéter toujours la même chose une fois que tu montes sur cette moto. Ne voudrais-tu pas changer ta phrase pour une fois ?

— Que veux-tu que je dise ? J’ai le droit de me renseigner sur ce que tu as en tête, surtout que j’ai eu droit à des surprises peu agréables ce soir, je te rappelle ! Je pense ma demande, légitime ! Il faut toujours s’attendre au pire avec toi !

Ethan se tourna légèrement et la contempla un instant. Son regard d’abord réprobateur sur la leçon moralisatrice qu’elle venait de lui dispenser changea doucement en un regard plus doux, puis elle put deviner à travers son casque un sourire se dessiner grâce à ses petites rides apparaissant sur le coin des yeux, signe typique lié à ses zygomatiques.

— Dis-moi juste «  Encore, Ethan ! » et ça ira !

La prise de voix plus aiguë, propre à une belle parodie de celle de la jeune femme, vexa Kaya qui lui pinça la taille en protestation !

— Pourquoi devrais-je dire ça ? Et arrête de refaire ma façon de parler ! En plus, je ne parle pas comme ça ! grommela-t-elle, agacée.

Ethan se mit à rire et réitéra.

— Encore, Ethan ! J’adore ça ! continua-t-il toujours moqueur. J’aime quand tu me tortures si chaleureusement par tes attentions de connard ! J’aime le mystère de nos ballades en moto ! Encore, Ethan !

 Kaya prit alors appui sur ses cale-pieds. Elle s’écrasa ensuite sur le dos d’Ethan et passa ses bras autour de son cou pour l’étrangler.

— Et ça ? Tu adores ? lui rétorqua-t-elle alors qu’il tentait de garder l’équilibre pour deux, tout en riant de bon cœur.

— Toujours dans la délicatesse ! J’aime tes démonstrations d’amour ! tenta-t-il de prononcer, la gorge serrée.

Kaya relâcha la pression et se rassit instantanément sur l’arrière de la selle. Elle se mit à rougir, perturbée soudainement par les propos d’Ethan. Lui-même se surprit à parler de choses qu’il s’interdisait.

Démonstrations d’amour ? Depuis quand prononces-tu ces mots avec autant de légèreté et d’insouciance ? Crétin !

Chacun se sentit alors mal à l’aise. Kaya rabaissa sa visière et Ethan se contenta de se racler la gorge avant d’en faire autant.

— En route ! déclara-t-il plus gravement, comme pour effacer le malaise soudain entre eux. Accroche-toi.


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