JTV4 : Chapitre 1

Bonjour à tous !

Vous l'avez attendu, il est enfin là. La suite de "Je te veux ! arrive dès maintenant avec le chapitre 1. Souvenez-vous...

Après une nuit torride avec Ethan, Kaya a fini par le quitter, ayant toutefois accompli sa mission en obtenant la signature de Laurens. Amer, Ethan tente alors par tous les moyens de la retrouver pour se venger de « l’affront » qu’il a subi, mais en vain. Une semaine s’écoula sans qu’il puisse avoir un seul indice.

Mais voilà que son premier rendez-vous avec Laurens arrive pour finaliser le contrat avec Abberline Cosmetics et une lueur d’espoir apparaît à quelques jours de Noël…

Voici la suite ! Bonne lecture ! ^^


1

TÉMÉRAIRE

— Il faut faire quelque chose... N’importe quoi, mais il faut qu’on le sorte de sa mauvaise humeur.

Sam serra son porte-documents, la mine renfrognée, tout regardant une dernière fois la porte du bureau d’Ethan par laquelle ils venaient tous de sortir.

— Laissons-lui le temps d’avaler la pilule, déclara Oliver pour tenter de calmer leur inquiétude. Il lui faut digérer les derniers évènements. Il est clair que son départ l’a affecté.

— Ouais, et bien en attendant, on vient de recevoir une leçon magistrale de despotisme !

Sam passa sa main sur son visage, affecté par la réunion mouvementée à laquelle ils venaient tous d’assister.

— Ça fait une semaine… souffla-t-il, dépité.

Oliver lui tapota l’épaule, bienveillant.

— Il est difficile de savoir jusqu’où est allée leur relation ; Ethan parle peu de sa vie privée. Et le questionner sur les sentiments qu’il éprouve à propos de Kaya serait aussi déplacé qu’idiot. Vu son humeur, il nous enverrait paître et nous sortirait une excuse bidon, avec un air distant, indifférent, voire mauvais.

— En attendant, nous ramassons les pots cassés… constata BB, lasse, elle aussi. Je savais bien que cette fille nous apporterait des ennuis.

— Ne dis pas ça, lui rétorqua gentiment Oliver. Elle a obtenu ce qu’on espérait d’elle : un contrat avec un investisseur.

— C’est bien là, le problème, continua Sam. N’attendions-nous pas plus d’elle ?

— Comme si une femme pouvait changer l’homme que nous connaissons… marmonna BB, résignée, bien qu’agacée. Ne restons pas plantés là. Cela ne résoudra rien. Nous avons du travail pour Magnificence et il nous l’a bien fait comprendre. Ne le contrarions pas plus.

— Toujours aussi terre-à-terre, BB ! fit Sam, avec un petit sourire. Je lui laisse encore un peu de répit, mais s’il me gonfle trop, je n’hésiterai pas à lui dire le fond de ma pensée.

***

À cran. Il n’y avait pas d’autres mots pour exprimer son état. Il le savait. Il savait aussi qu’il retournait sa frustration et sa colère sur ses amis et collègues de travail, mais rien n’y faisait : l’amertume ne le lâchait pas. Il ruminait, ressassant ce qu’il avait pu rater ou mal faire. Il se détestait de culpabiliser ainsi. C’était plus fort que lui. Ce goût d’inachevé dans la bouche depuis une semaine ne le quittait pas. Plus que la fin de quelque chose qui aurait pu le gêner, c’était cette colère d’être finalement le laissé pour compte, sans avoir eu la possibilité de s’expliquer. En même temps, s’il venait à la revoir, que pourrait-il lui dire ? Il ne comptait pas s’appesantir sur leur relation chaotique. Il l’avait dit lui-même qu’il n’y aurait rien de l’ordre du sentiment. Donc, il lui serait malvenu de réclamer quelque chose pouvant laisser sous-entendre une quelconque attente malgré leur nuit sous la couette.

Il n’avait pourtant pas hésité à demander à Eddy de la retrouver, par n’importe quel moyen. Au point qu’au bout de trois jours de disette, son impatience eut raison de lui et il songea à embaucher un détective privé. Aller jusqu’à cette option était le signe que son départ l’avait affecté au-delà de la simple humiliation, au-delà de toute fin logique entre deux parties signataires d’un contrat.

Il était en état de manque. C’était un fait.

Un manque dont jamais il ne se serait douté, mais que la réalité s’amusait à lui rappeler. Les crêpes n’avaient plus le même goût. Il ne pouvait plus supporter d’entendre le mot « sushis ». On l’avait chambré sur l’absence de Kaya au dojo. La gamme « Magnificence » lui rappelait immanquablement son cou qui portait son travail et qu’il avait embrassé encore et encore pendant toute une nuit. Le pire était une fois qu’il rentrait à l’appartement. Vide. Froid. Sans âme. Il posait ses affaires et se couchait sur le canapé, mais pas de télévision allumée, pas de zapping compulsif, pas de parfum d’abricot dans l’air. Le néant. Le silence lui était insupportable. Au-delà de son absence, il n’y avait plus de discussions enflammées, plus de piques, de vacheries, de coups tordus. Il s’ennuyait. Plus ou moins consciemment, il compensait en s’en prenant à ses employés, ses amis, toute personne tombant sous son nez, mais aucune réplique cinglante ne venait le contrer. Au point que même se comporter en connard le lassait et le ramenait toujours au même problème : Kaya.

Il regardait la rue à travers la fenêtre depuis la fin de la réunion, cherchant un moyen de se calmer, de s’oxygéner en s’imaginant la vie des gens. Et pourtant, là encore, il espérait la voir sur le trottoir, au milieu des badauds. Que faisait-elle ? Où était-elle ? Pensait-elle à lui ? Il posa son front contre la vitre. La fraîcheur extérieure venant du froid de décembre contre son front lui faisait un bien fou. Son cerveau turbinait à cent à l’heure. Ça chauffait tellement pour trouver des réponses qui ne venaient pas, qu’il perdait de vue son objectif essentiel.

Ne compter que sur soi pour s’en sortir…

Il devait se ressaisir. Il devait relever la tête et avancer. Encore. Il n’avait pas besoin d’elle. Il n’avait besoin de personne pour vivre. Cela avait toujours été ainsi ; au final, on est seul. Les autres vous abandonnent tôt ou tard, car c’est l’égoïsme qui domine le monde. Il n’y a que l’ambition personnelle qui récompense un être à juste titre.

Il expira un bon coup, formant un halo de buée sur la vitre. Même ses convictions de toujours sonnaient faux. Il imaginait déjà Kaya lui dire : « Comment peux-tu être si égocentrique, ne penser qu’à toi et réfuter ce que tu as, quand on voit toutes les personnes qui sont autour de toi, qui t’aident et t’aiment ! Je n’ai pas cette chance ! Un peu de respect ! Tu n’es pas seul ! » Il se mit à ricaner. À coup sûr, elle lui aurait balancé ce genre de considération à deux balles si elle avait été là. Il posa son index au centre du petit nuage de buée. Il se rappela le doigt qui lui avait fait face dans la galerie des Glaces, à la fête foraine. Aujourd’hui, son index ne trouvait pas celui de Kaya…

Crétin ! Comme si elle pouvait voler jusqu’au troisième étage d’un bâtiment tel Supergirl ou avoir trouvé un boulot de nettoyeur de vitres !

Il ricana une seconde fois en l’imaginant avec son grand sourire lui faire un doigt d’honneur à travers la vitre.

Princesse idiote ! Quand arrêteras-tu de me provoquer ?

Il recula et perdit son sourire. Une semaine qu’elle était partie. Une éternité pourtant si courte et il n’arrivait pas à aller au-delà. On toqua à la porte. Abbigail entra et s’avança. Il la regarda un instant, devinant que son calvaire était loin d’être fini. Kaya allait encore le hanter longtemps.

— Monsieur Laurens est arrivé. Puis-je l’inviter à entrer ?

Ethan soupira et lui fit un signe de tête positif. La cause de toute cette mascarade était là. Il devait serrer les dents sur l’amertume qui le rongeait, pour profiter de ce qu’il avait gagné de sa rencontre avec Kaya. C’était Laurens, la raison de leur cohabitation improbable. Un cadeau dont il appréciait finalement difficilement le plaisir : Richard lui rappelait immanquablement Kaya. Pourtant, il avait dû le rappeler, car beaucoup de gens attendaient son argent pour travailler.

— Bonjour Abberline ! lui dit Richard avec un petit sourire quand il entra.

Il lui tendit une main qu’Ethan serra cordialement. Son cœur se comprima. Il avait été le dernier à l’avoir vue. Que lui avait-elle vraiment dit ? Il n’était hélas pas disposé à lui demander quoi que ce soit. Kaya avait dû lui demander de rester discret sur leur discussion.

— Bonjour. Je vous en prie, asseyez-vous.

Il lui proposa le siège face à son bureau. Laurens accepta volontiers, ses jambes supportant mal la posture debout prolongée.

— Il fait un froid de canard dehors ! On est bien mieux au chaud. J’ai hâte de voir ce que vous allez proposer pour notre contrat.

Ethan ne répondit pas. Il baissa les yeux sur ses dossiers qu’il avait peaufinés pendant trois jours, pensant que travailler l’empêcherait de ressasser. Il semblait que Laurens soit lui aussi dans cette optique « boulot à fond ». Il s’assit alors sur son fauteuil et se saisit du dossier en question. Il regarda la page de garde, l’air absent. C’était ce qu’il voulait : une signature. Un investissement pour ouvrir une nouvelle branche de recherche, permettant la création de nouveaux emplois par la même occasion. La promesse d’un avenir florissant pour Abberline Cosmetics. Il ouvrit machinalement le dossier et attrapa un petit tas de feuilles reliées par une agrafe en leur coin gauche. Il corna instinctivement le coin de quelques-unes sans dire un mot. Laurens le regarda faire, intrigué. Ses yeux semblaient happés par ce rebord tenu par le bout de métal. Il le vit caresser l’agrafe du pouce, avant de lui tendre le dossier sans même regarder celui qui allait être son nouveau partenaire professionnel. Son silence et son air éteint firent sourire Richard.

Pense-t-il à elle en cet instant ?

— Voici tout ce que vous devez savoir sur le projet qui nécessite votre participation. Il va de soi que…

Ethan marqua une pause puis finit sa phrase dans un souffle.

— … cette expansion de l’entreprise me tient à cœur.

— On ne serait pas là, vous et moi, si ce n’était pas le cas.

La remarque de Laurens obligea Ethan à le regarder droit dans les yeux. Richard lui sourit d’un air complice, lui montrant ainsi qu’il ne lui en voulait pas du mensonge qu’il avait monté pour arriver à ses fins. Malgré tout, Ethan se trouvait gêné devant le vieil homme. Il avait joué avec sa fragilité de vieux bonhomme pour l’amener à lui, en utilisant l’innocence d’une femme. Ils avaient effectivement un point commun autre que ce contrat : Kaya. Ils avaient partagé des moments de vie avec elle. Chacun à leur manière avait été apprivoisé par la jeune femme. Ils avaient tous deux appris à connaître une part d’elle que d’autres ne connaissaient pas. Ce point commun les liait plus qu’Ethan n’avait pu l’imaginer. Et aujourd’hui, ils se trouvaient l’un face à l’autre, comme deux cons abandonnés par l’éclat de son sourire.

Richard feuilleta le dossier furtivement. Ethan fixa le reste du document devant lui sans parvenir à dire quoi que ce soit, tel le chef d’entreprise qu’il devait être. Lui, d’ordinaire si sûr de lui, ne trouvait pas le courage de se tenir droit. Il restait courbé sur son dossier, l’air limite penaud. Richard semblait bien plus confiant que lui. Comme si toute cette histoire avait été balayée devant sa porte depuis. Le vieil homme grimaça et finit par sortir d’une poche intérieure de sa veste sa paire de lunettes. Il sourit quand il concéda qu’avec ses verres sur le nez, il voyait mieux.

— Vous avez vraiment une triste mine… lui déclara alors Richard, tout en gardant les yeux rivés sur le contrat.

Ethan attrapa le coin du reste du dossier sous ses yeux et commença à le corner à nouveau, acceptant en silence que ce constat pût être possible. Il se refusa cependant de s’épancher sur ces soucis.

— Faites une cure de vitamine C. C’est important pour aborder l’hiver sereinement !

Ethan leva un sourcil, perplexe par cette attention aussi surprenante que bizarre, de la part d’un homme avec qui il n’avait finalement jamais été intime.

— J’y… songerai.

Richard lui sourit à nouveau avec bienveillance et replongea sur la page 10 du dossier. Plusieurs minutes s’écoulèrent en silence, Ethan laissant le temps à son nouvel investisseur de prendre connaissance du projet et d’analyser chaque partie. Bizarrement, il ne lui posait aucune question. Tout homme d’affaires qui se respectait était d’emblée sceptique, méfiant, et donc pouvait dresser son réquisitoire pour démonter une thèse. Laurens restait concentré sur ses feuilles et ne bronchait pas. Il était statistiquement impossible que tout lui convienne d’entrée. Il avait forcément des réticences. Attendait-il de tout parcourir avant d’établir sa conclusion ? Il était pourtant bien difficile de reprendre toutes les interrogations qui vous viennent à l’esprit pendant la lecture, sans en perdre en cours de route quand tout a été lu. Malgré tout, Richard posa son dossier et ses lunettes dessus, puis soupira.

— Pourquoi ne me posez-vous pas vos questions ? lui dit alors le vieil homme, visiblement un brin agacé. Vous devez forcément en avoir au moins une qui vous turlupine. Qu’attendez-vous ?

Ethan le contempla de façon hébétée.

— Je vous demande pardon ? Euh… C’est à vous de me poser des questions sur le dossier. Je ne vois pas ce que je peux vous demander sans savoir ce que vous pensez de tout cela.

Laurens s’enfonça dans son siège. Il croisa les bras et le fixa d’un air grave. Ethan se sentit perdu par son attitude.

D’abord inquiet pour ma santé, le voici qui me fait son regard mécontent !

— Parce que vous pensez au dossier actuellement ? lui rétorqua-t-il, l’air prêt à en découdre. Avouez que vous n’êtes pas beaucoup concentré à cela depuis que je suis entré dans votre bureau.

Ethan baissa les yeux. Il continua à corner les feuilles du reste du dossier en accord avec le tic tac de sa montre.

— Kaya… n’est pas une femme qu’on oublie facilement, commenta alors le vieux monsieur en regardant la fenêtre à quelques mètres. Il n’y a pas de honte à avouer qu’elle vous a marqué, vous aussi, bien plus que vous ne le voudriez. À vrai dire, je me demandais comment vous réagiriez en ma présence. Feriez-vous comme à votre habitude, à rester imperturbable quoiqu’il arrive ? Ou montreriez-vous un signe de faiblesse, une appréhension ou un mouvement d’attente mué par une certaine frustration ? Il est certain que vous êtes un homme très complexe. Malgré cela, j’ai eu ma réponse : vous êtes frustré, tourmenté. C’est ce coin de feuille qui vous trahit.

Ethan lâcha instantanément le dossier des mains et se recula sur son fauteuil. Il tenta de regarder ailleurs, mais ses yeux revinrent vers Richard qui le fixait avec un mélange de sympathie et de colère contenue.

— Vous pouvez tenter de feindre, vous savez, mais je ne suis pas si gâteux que cela. Son… regard aussi a changé.

Richard baissa les yeux, attristé. Ethan tenta d’analyser ses propos.

— Elle semblait si perdue quand elle est venue me voir. Ses larmes tombaient toutes seules. Ça m’a complètement transpercé le cœur. Elle n’éprouvait aucune rancune. Je dirai même qu’elle semblait reconnaissante envers ce que vous lui avez apporté…

Une boule dans la gorge d’Ethan gonfla au point que tout à coup, sa respiration devint difficile. Les mots de Laurens le touchaient bien plus qu’il ne le souhaitait. Cela faisait une semaine qu’il se demandait ce qu’elle avait pu raconter au vieux grigou. Une semaine qu’il était complètement à l’ouest et en un instant, Richard Laurens avait réussi à le recentrer et à le remettre sur orbite. Une vague d’espoir le percuta. Il n’était pas le loser qu’il redoutait d’être. Elle n’éprouvait aucune rancune à son égard. Elle ne le détestait pas. Laurens venait de lui apporter une réponse positive dont il avait pourtant douté en lisant sa lettre.

— Comment pouvais-je l’accabler alors qu’elle était déjà en souffrance avec ses propres sentiments ? Si votre idée de départ pour m’appâter est honteuse, il n’en reste pas moins que c’est grâce à vos plans tordus que j’ai pu la rencontrer.

Ethan grimaça sous l’insulte masquée, mais sentit son cœur se regonfler d’assurance.

— Par ailleurs, l’ayant vu hier, je me demande si son choix fut judicieux et votre mine digne d’un mort-vivant me confirme que cette séparation vous est préjudiciable à tous les deux.

Ethan se leva brusquement, réalisant qu’un mot l’avait fait tilter plus que les autres.

— Hier ? Vous l’avez revue depuis ? s'exclama-t-il tout en se penchant précipitamment au-dessus du bureau avec une certaine impatience devant sa réponse.

D’abord surpris, Laurens l’observa de façon circonspecte, puis sourit.

— Oui, nous avons bu le thé ensemble dans un petit café tout à fait charmant dans le 11e arrondissement.

Ethan laissa tomber sa tête nonchalamment dans un grognement plaintif. Il la releva ensuite subitement pour tenter d’en savoir plus, mais tant de questions lui venaient en tête en même temps qu’il ne savait par où commencer, et il finit par en bafouiller. Richard s’amusa du réveil de son interlocuteur.

— Ça y est ? Vous acceptez de me poser vos questions !?

Ethan eut un moment de flottement, puis se redressa et réajusta son costume pour reprendre sa contenance de PDG. Il venait de donner à Richard de quoi confirmer ses propos sur un plateau d’argent.

Décidément, cette fille aura ma peau et même mes os !

Il devait se ressaisir. Le moindre détail évoqué sur l’état actuel de la jeune femme et il devenait incontrôlable. Ce n’était pas possible d’être si inconstant quand il s’agissait d’elle. Il devait freiner ses ardeurs et réduire son impatience, sa frustration et sa curiosité en une phrase, pour ne pas paraître aux abois. Il se rassit et regarda à nouveau son dossier.

— Va-t-elle… bien ?

Richard grimaça, faisant appel aux souvenirs de la veille.

— Oui. Elle semblait aller mieux. On a mangé un brownie. Elle avait du chocolat partout autour de la bouche d’ailleurs ! Quelle gourmande, je vous jure… Je me demande si elle n’est pas pire que moi parfois !

Ethan sourit devant l’anecdote. Il se rappela leur petit jeu avec la pâte à brownie. Il avait fini par manger du chocolat, alors qu’il détestait ça. Il imaginait très bien son visage, couvert de miettes marron alors qu’elle affichait son air insouciant.

— Nous avons parlé de tout et de rien. Je pense qu’aucun de nous deux ne souhaitait parler de vous pour ne pas plomber la rencontre. Je vois bien qu’elle n’en reste pas moins affectée. Le temps fera les choses. Vous devriez en faire autant, quel que soit l’attachement ou le manque que vous pourriez ressentir à son égard. Elle a fait son choix. Je ne peux que le respecter, vous aussi…

— Bien… dit alors seulement en réponse Ethan, le regard résigné.

Le PDG respira un grand coup, cherchant à s’assurer que cette révélation ne l’avait pas achevé. Il était vivant ; c’était tout ce qui comptait. Il regarda son dossier. Avancer. Il ne pouvait faire que ça. Laurens venait d’être clair…

— Voici un descriptif de l’entreprise. Vous pourrez sans doute mieux cerner l’esprit de l’enseigne et nos objectifs.

Il lui tendit le reste du dossier. Laurens considéra l’objet un instant, puis sourit.

— J’aimerais voir tout cela tranquillement chez moi, avec mes associés. Mes comptables et avocats me tueront avant l’heure si je ne les concerte pas avant toute décision.

Il se leva alors et soupira.

— Comme si je ne pouvais plus choisir en mon âme et conscience. Comme si je ne pouvais pas choisir mon destin et je devais subir sans broncher. Je n’étais pas aussi docile avant. Mon impétuosité et mon insouciance étaient bien plus grandes quand j’avais votre âge… Aaaaah ! Rien ne m’arrêtait ! Je fonçais contre vents et marées, peu importait si ça gênait des personnes, peu importait si ça allait contre la volonté de certains ! Je défonçais des portes, je m’imposais et prouvais ma valeur. Quand je voulais, j’obtenais coûte que coûte ! Par moments, je regrette de ne plus être aussi téméraire et ne pouvoir faire fi de tout !

Il le salua et se dirigea alors vers la sortie, le dossier sous le bras.

— C’est moche, la vieillesse ! Profitez bien de votre jeunesse, Abberline !

Il ouvrit la porte et passa un pied dans le couloir, quand Ethan cria : « Attendez ! ». Laurens se stoppa, surpris. Ethan vint à lui, l’air hésitant. Un silence long suivit, comme si Ethan cherchait son courage pour continuer. Il posa sa main contre la porte et le fixa, à la fois gêné et plein d’espoir.

— Je ne demande qu’à être… téméraire ! Enfin, je crois…

Richard lui sourit, ravi.

— Les doutes n’amènent jamais rien de bon. Seule la détermination apporte des résultats à ses objectifs. Vous le savez plus que quiconque. Quels sont vos objectifs, Abberline ?

Ethan regarda un peu partout, sans trop savoir quelle réponse pourrait lui plaire sans trop en dire. Mais en même temps, Laurens était sa seule opportunité. Il se saisit de son téléphone portable dans la poche intérieure de son costume et commença à pianoter, sous le regard intrigué du vieil homme. Il lui montra au bout de quelques secondes l’écran. Un immense sourire illumina le visage ridé du vieil homme. Il vit alors un tableau. En objectif était écrit en gros « KAYA ». Une autre colonne y était adjointe où il pouvait y lire « Moyens pour y parvenir : tous ! ».

— Aidez-moi à atteindre celui-là, Laurens ! S’il vous plaît…

Sa demande s’éteignit dans un souffle, mais ses yeux plaintifs firent fondre toute résistance à Richard, qui pouvait comprendre la requête muette du PDG. Kaya avait accepté de garder contact avec lui, pour son plus grand bonheur et son plus grand soulagement. Il imaginait très bien la détresse d’Ethan qui n’avait pas eu cette possibilité. Lui-même était aussi un homme, et il avait eu la joie d’épouser une femme du même acabit que Kaya. Devait-il en priver Abberline ? Même si elle refusait de l’admettre, elle avait besoin de lui. Il était un avenir possible… et quelque chose en Ethan le poussait à croire qu’il avait vraiment besoin d’elle aussi.

— Il se pourrait que j’organise un rendez-vous avec une certaine personne prochainement. Disons, demain, mercredi. Dans cette éventualité, j’avais pensé proposer une promenade au zoo de Vincennes. Les nuits arrivant vite, je pensais que profiter du début d’après-midi pourrait être agréable. Qu’en pensez-vous, Abberline ?

— Judicieuse idée ! lui répondit-il, les yeux pétillants de reconnaissance.

Richard hocha la tête et lui fit rapprocher l’oreille du PDG vers sa bouche pour lui murmurer quelque chose.

— Bien évidemment, si nous venions, elle et moi, à faire une rencontre déplaisante, je ne pourrais que déplorer ces grandes voies du destin qui auraient mis sur notre chemin cet enquiquineur. Le hasard fait souvent les choses bizarrement, je trouve. Bonne soirée, Abberline !

Laurens lui tourna le dos, non sans afficher un air malicieux avant. Ethan le regarda entrer dans l’ascenseur, puis celui-ci se refermer sur le vieil homme. Pour la première fois depuis une semaine, il se sentait revivifié. Il frappa du poing l’air et lâcha un « yes ! » de victoire. S’il avait redouté ce rendez-vous depuis le départ de Kaya, s’il avait craint l’amertume de Laurens d'avoir été dupé, s’il avait pu s’attendre à une grande froideur de la part du vieux bourru qu’on le disait être, il devait reconnaître que cette entrevue s’était transformée en salut pour lui. Richard Laurens ne faisait sans doute pas tout cela pour lui. Nul doute qu’il avait bien plus d’estime pour Kaya que pour le simple PDG qu’il était. Et c’était pour elle qu’il avait accepté de lui parler et d’arranger cette opportunité. C’était visiblement parce qu’il jugeait que la revoir serait bénéfique aussi bien pour elle que pour lui. L’entendre parler d’elle, même brièvement l’avait reboosté comme jamais. Il allait enfin la revoir. Après une déprimante semaine sans aucun moyen pour la retrouver, il avait enfin une piste.

Il se tourna alors vers le bureau d’Abbigail et posa lestement les paumes de ses deux mains devant ses dossiers, avec un regard déterminé et un sourire machiavélique.

— Abbigail, annulez-moi tous mes rendez-vous demain après-midi.

— Je crains que cela soit difficile, vous avez deux gros rendez-v…

— Annulez quand même ! la coupa-t-il en balayant cela d’un revers de main. Il me faut cet après-midi libre. Impérativement ! Quitte à bosser jusqu’à minuit ce soir, quitte à caler ces rendez-vous le midi et que je ne mange pas, mais trouvez une solution.

— Dois-je préparer votre plus beau costume pour l’occasion ? demanda-t-elle alors, d’un regard amusé.

Ethan eut un moment de perplexité, puis s’esclaffa.

— Qu’est-ce qui vous fait penser que cela est nécessaire ?

— Vous souriez !

Ethan se trouva idiot, l’espace d’un instant.

— Cela fait une semaine que vous faites une tête d’enterrement. Donc je présume que le rendez-vous de demain, si important pour avoir besoin de votre après-midi, nécessite d’être sur son 31 pour faire bonne impression et avoir la chance de garder ce sourire.

Abbigail posa son menton sur ses mains et le regarda de façon entendue. Ethan s’étonna d’autant de franchise de sa part, mais ne s’en formalisa pas. Il secoua la tête et ne put s’empêcher de sourire davantage devant l’évidence : elle l’avait bien grillé !

— Merci, ça ira. Je pense que le paraître est loin de faire gagner des points avec ce genre de personne.

Il tapa du poing le bureau comme pour conclure par un « adjugé, vendu ! » leur accord, puis s’en retourna vers son bureau.

— Alors, contentez-vous de garder votre sourire. Il vous va très bien ! lui lança-t-elle tout en se levant pour aller ranger des dossiers, comme si de rien n’était.

Ethan pensa un instant qu’elle prenait peut-être trop d’aises avec lui, mais en même temps, il lui était difficile de lui en vouloir. Il était imbuvable avec tout le monde depuis. Il sauta gaiement sur son fauteuil et croisa les mains derrière sa tête tout en regardant le dossier de Laurens avec un grand sourire. Il allait la revoir…

— Maintenant, établissons une vengeance dont elle se souviendra !

***

Le froid s’était bien installé et Kaya se félicitait d’avoir prévu ses gants, son écharpe et son bonnet pour ne pas finir congelée. Elle était contente de retrouver Richard dans un tel endroit. Il y avait une éternité qu’elle n’était pas allée dans un zoo. Et pourtant, elle adorait ça ! Voir des animaux tous plus exotiques les uns que les autres, se promener au milieu de ces derniers, découvrir leurs habitudes… Autant dire qu’elle avait accepté très vite l’invitation de Richard et s’était déplacée jusqu’au lieu du rendez-vous avec une certaine excitation. Au point d’être arrivée avec vingt minutes d’avance ! Quand le vieil homme arriva vers elle, elle ne put s’empêcher de sourire et de le prendre dans ses bras. Richard avait répondu présent au moment où elle en avait eu le plus besoin et elle lui en serait reconnaissante à vie. Richard rit à son étreinte.

— Bonjour, mon enfant ! dit-il, très heureux également.

— Bonjour Richard ! Comment allez-vous ?

— Fraîchement ! Mais entrons au zoo et marchons ! Nous nous réchaufferons.

Kaya accepta sans peine. Richard paya les places et tous deux commencèrent à arpenter les allées. Très vite, la jeune femme s’émerveilla devant les premiers animaux qu’elle aperçut. Le vieil homme s’amusa des expressions de son visage au fur et à mesure qu’ils avançaient. De l’état de surprise de l’un à l’adoration pour l’autre, Kaya ne masquait pas sa joie, telle une enfant. Richard fut heureux d’avoir choisi un tel lieu de rencontre. Comme d’habitude, ils discutèrent de tout et de rien. Il s’interrogea sur l’hypothétique présence d’Ethan et aux conséquences sur ce sourire qu’elle ne lâchait plus depuis qu’ils étaient entrés. Avait-il bien fait de lui parler de leur rendez-vous ? Comment allait-elle gérer cela ? Il soupira. Cette semaine lui était nécessaire pour prendre du recul. Il l’avait vite compris. Elle se sentait acculée et perdue, mais il avait pu cerner aussi de la peur. Peur de l’inconnu.

— Richard ! cria-t-elle alors, le sortant de ses pensées. Regardez ! Le lion !

L’animal majestueux, dans son enclos, avançait vers eux. Une longue crinière, la démarche assurée, tranquille, et puis ce silence autour. Cette atmosphère de respect qu’imposait naturellement le félin autour de lui. Kaya posa ses mains sur la vitre sécurisée de l’enclos et retint sa respiration un instant, complètement happée par la beauté de l’animal.

— Il est magnifique… souffla-t-elle.

Richard sourit.

— C’est vrai. Il inspire tant de choses : beauté, respect, sécurité, peur, douceur. À la fois si sauvage, mais avec cette impression d’être si accessible. Sa fourrure donne envie de s’y lover et pourtant, en un coup de patte, un bond, il peut vous mettre à terre…

Le sourire de Kaya s’effaça doucement. Son regard se perdit dans le comportement de l’animal. La description qu’en avait faite Richard lui rappela une personne qu’elle préférait oublier, mais qui s’accrochait à ses souvenirs avec hargne. Elle s’était promis de tourner la page sans regret. Elle se racla la gorge pour se redonner une constance et glissa ses mains dans ses poches. Elle sourit poliment à Richard, le regard troublé, puis se dirigea vers le prochain enclos. Richard la suivit en silence, jusqu’à ce qu’il remarque qu’elle avait stoppé son avancée. Il leva les yeux au loin et vit Ethan Abberline, accompagné d’une jeune femme.

Kaya semblait pétrifiée tandis qu’Abberline affichait un sourire satisfait.

— Voyez qui nous avons là ! lança Ethan, de façon hautaine.

Kaya déglutit, puis se tourna vers Richard. Celui-ci feint l’étonnement.

— Abberline ! Quelle coïncidence ! Vous aussi, vous profitez de cette belle journée pour vous promener ?

Ethan passa son bras sous celui de la jeune femme rousse avec des taches de rousseur, à ses côtés.

— Effectivement, quoi de mieux pour prendre… du bon temps ! déclara-t-il tout en insistant sur les deux derniers mots. Voici Samantha.

La jeune femme salua d’une main distante Richard et Kaya. Le vieil homme lui sourit poliment en réponse alors que Kaya restait interdite. Un silence de quelques secondes suivit, marquant un malaise évident à cette rencontre. Richard ne savait comment réagir. Il n’avait pas prévu la venue d’Abberline avec de la compagnie. Et l’immobilisme de Kaya n’augurait rien de bon.

— On y va ? demanda Samantha à Ethan, visiblement plus intéressée par un tête-à-tête en amoureux qu’une discussion avec des personnes qu’elle ne connaissait pas.

— Ne sois pas pressée ! lui lança un peu sèchement Ethan. Nous pourrions… faire un bout de balade ensemble ? Qu’en dites-vous ? J’aimerais parler d’un point du contrat avec vous, Richard.

La demande d’Ethan sonnait aussi faux que la couleur vert olive du manteau de Samantha qui accompagnait ses escarpins rouges. Son sourire était tout, sauf désintéressé. Richard s’étonna de la façon dont Abberline avait réussi son tour de force.

Roi de l’entourloupe un jour, roi de l’entourloupe toujours ! Quand il a un objectif en tête, tous les moyens sont bons, effectivement !

— Ce serait avec…

— Merci, le coupa Kaya, mais nous devons y aller ! Bonne fin de journée.

Elle passa son bras sous celui de Richard et le poussa à avancer le plus loin possible du couple. Ethan s’esclaffa, subjugué par son manque d’égards pour lui. Même pas un bonjour, même pas un mot à part « Bonne fin de journée ! ».

Je t’en mettrais des « bonne fin de journée ! ».

Il la regarda s’éloigner tout en guidant Richard avec force le plus rapidement hors de sa portée.

— On continue ? demanda Samantha qui commençait à s’impatienter.

— Oui ! lui dit-il sévèrement. On les suit !

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— Tais-toi et fais ce que je te dis.

— Mais !

Ethan lui attrapa la main et la tira avec force. Ses grandes enjambées pour retrouver Kaya obligeaient Samantha à courir sur ses talons de façon maladroite.

— Ethan ! Doucement ! Je vais me tordre la cheville.

— Tu n’avais qu’à ne pas mettre ces horreurs aux pieds !

— Mais je croyais que tu me trouvais belle quand tu es venu me chercher. C’est ce que tu m’as dit, non ?

— Complaisance pour que tu me suives ! lui déclara-t-il froidement, les yeux rivés vers son objectif.

Samantha s’offusqua, mais n’eut d’autres choix que de suivre.

Kaya voulait fuir, pourvu que ce soit le plus loin possible de Lui. Mais Richard n’avait pas la même fraîcheur physique que la demoiselle et l’obligea à ralentir l’allure.

— Kaya, mon enfant, je risque d’être lourd à porter jusqu’à l’hôpital !

Kaya s’arrêta net et se tourna vers lui.

— L’hôpital ? Pourquoi ? Vous sentez-vous mal ?

— Cela ne saurait tarder si vous continuez à marcher à cette allure !

Kaya soupira, réalisant son égoïsme.

— Pardon. Je… C’est lui ! Qu’est-ce qu’il fait ici ? On ne devait pas… Il…

— Calmez-vous. On est là pour se balader. Nous n’allons pas partir à cause de lui, hum ?

— Oui… Vous avez raison… dit-elle avec un petit sourire navré. Il ne doit pas gâcher cette journée.

— Bien. Allons voir les girafes.

Kaya acquiesça, cherchant à se redonner courage. Pourtant, sa volonté s’effaça aussi vite quand elle vit qu’il les avait suivis. Elle sut alors qu’elle n’y échapperait pas.

— Décidément ! Il faut croire que le hasard tient absolument à ce que l’on se retrouve ! déclara alors Ethan, presque amusé. Au moins, cette fois-ci, tu auras une occasion de te racheter, Kaya ! Tu peux dire bonjour à ma PETITE AMIE et être polie, s’il te plaît.

L’air de défiance qui accompagnait son sourire rappela à la jeune femme à quel point il pouvait être détestable quand il le décidait.

— Surtout que… c’est bien toi qui m’as conseillé de sortir avec elle ! Tu te souviens ? Dans ta lettre d’adieu ! La jolie rousse avec des taches de rousseur dans mon répertoire… Tu vois, je t’ai écoutée.

Le ton plus grave que venait de prendre Ethan lui fit écarquiller les yeux. Ça y était ! Il lançait les hostilités. Sauf que cette fois-ci, il était allé jusqu’à la narguer avec… avec…

— Comment ça, c’est elle qui t’a conseillée de sortir avec moi ? Je ne la connais pas, moi ! s’étonna Samantha, perdue.

Ethan leva les yeux au ciel et Kaya se mordit la lèvre.

— Oui ! Tu peux la remercier, car elle t’a choisie dans mon répertoire téléphonique. Tu as été l’élue. Sois heureuse. Princesse Kaya t’a désignée comme son successeur. Tu devrais te sentir honorée !

— Quoi ? fit Samantha perdue.

— N’importe quoi ! déclara Kaya d’un geste de main. Ne prêtez pas attention à ce qu’il dit. L’essentiel est que vous vous soyez trouvés ! Vous formez un beau couple !

— Tu trouves ? lança sèchement Ethan. C’est vrai. Tu es tellement mieux placée pour savoir ce qu’il me faut !

Ethan croisa les bras sur les hanches, plein de défis.

— Non ! Je… Ce n’était pas dans cette intention. C’était…

Kaya se trouva subitement gênée. Elle pouvait maintenant reconnaître que cette demande avait été maladroite, bien que sur le moment, elle était certaine qu’il s’en contenterait.

— Et si nous allions nous asseoir tous ensemble boire un coup ! coupa alors Richard avec un grand sourire. Je me boirais bien un chocolat chaud. J’ai froid ! Qu’en dites-vous ?

Tous le regardèrent, perplexes. Richard semblait jouer l’ignorance sur le début d’accrochage entre Ethan et Kaya. Ne voyant aucune réaction concrète de refus, il se frotta les mains, satisfait.

— Parfait ! Kaya, mon enfant, allez nous chercher tout ça avec M. Abberline. Quant à moi, je vais nous trouver une table avec cette charmante demoiselle.

Samantha tenta d’émettre une protestation, mais n’en eut le temps : Ethan se saisit volontiers de la main de Kaya pour l’emmener vers la buvette. Kaya ne trouva pas de parades pour se défiler et fut contrainte de le suivre. Il marchait vite. Signe évident de sa colère. Et elle faisait tout son possible pour avancer le plus lentement possible, afin d’éviter l’affrontement : peine perdue. La détermination d’Ethan équivalait à celle d’un bulldozer dans un jeu de quilles. Il passa devant la buvette sous l’œil interrogateur de la jeune femme qui ne comprenait pas pourquoi il ne s’arrêtait pas. Il finit par contourner les distributeurs automatiques de boissons, puis la plaqua alors contre le cabanon de la buvette à l’abri des regards. Il frappa brutalement de sa main gauche le mur de bois servant d’abris aux distributeurs.

— Putain, si tu savais comme je te déteste…

Il lui caressa alors une mèche de cheveux et écrasa ses lèvres sur les siennes.

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