LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 2

Bonjour à tous ! 

Ce chapitre 1 a titillé votre curiosité ? Ce chapitre 2 va renforcer cela !

Notre pauvre Aélis subit la volonté du Roi Mildegarde et va devoir aller se marier avec le Duc Callistar !

Voici la suite avec ce chapitre 2.

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

2

 

Derrière les portes

d’Althéa

 

 

 

— Nous arrivons ! cria le cochet.

Fergus De Middenhall contempla sa fille avec tristesse. Son sort était scellé. Ils n’avaient pas échangé un mot durant tout le voyage en calèche. Son père comprenait bien qu’elle n’était pas d’humeur à recevoir ses platitudes sur le positivisme existentiel. Elle était une femme, et par ce fait, elle était prisonnière du bon vouloir des hommes. Trois hommes pour être précis : son père, le Roi et son futur époux. Chacun tenait une chaîne de sa vie. Aélis ne décolérait pas de sa situation. Elle avait bien tenté de dire sa désapprobation au Roi Mildegarde, mais son père l’avait fait taire sur-le-champ. Il était clair que les projets du Roi étaient devenus plus importants que le bonheur de sa fille. L’indocile Aélis devait accepter sans broncher. Telle était la dure réalité. Depuis, elle était restée murée dans un silence glacial, au point de s’enfermer elle-même des jours durant dans sa chambre jusqu’à ce voyage.

Son père pouvait lui montrer un air navré, cela ne changeait rien à ce qui l’attendait. Elle était une sacrifiée pour la cause du Roi. Elle se mit à nouveau à pleurer face à cette injustice. Voilà des jours qu’elle pleurait cette angoisse d’être jetée en pâture au plus effrayant des chevaliers de la cour.

— Aélis, je te le redis : « je suis désolé ».

— Tu peux garder tes excuses pour toi ! Je n’en veux pas !

— Tu es ce que j’ai de plus cher dans ma vie, Aélis, mais je connais le Roi depuis vingt ans et je sais que ce n’est pas un homme qui agit à la légère. Il a pesé le pour et le contre et il sait combien tu nous es importante. Sa demande doit avoir du sens. Tu dois aider ce chevalier, comme il te l’a demandé ! C’est une mission avant tout !

— Tu n’as pas cherché à me défendre, à défendre ma volonté, donc garde ton affection et tes balivernes pour un plus crédule ! rétorqua-t-elle, mauvaise.

Fergus baissa les yeux, navré de constater combien sa colère restait vive.

— Je sais que je te déçois, mais je n’ai pas le choix.

— On l’a toujours ! vociféra-t-elle.

— Tu es jeune. Tu as toujours été un peu rêveuse. Du moins idéaliste, malgré les déconvenues vécues depuis ton enfance. Depuis toute petite, tu as toujours agi de façon à faire le bien autour de toi et croire que rien n’était impossible, qu’il y avait du bon en chaque personne. S’il te plait, continue de garder cela en tête. Le Roi ou le Duc, considère-les comme des personnes bonnes, ayant besoin de toi ! Ne vois pas cela comme une punition, mais comme un honneur de les aider et de te considérer comme l’unique personne capable d’y parvenir. Tu n’as jamais vu le Duc Callistar. Qui sait ? Il n’est peut-être pas celui qu’on décrit.

Aélis croisa les bras pour affirmer son mécontentement et son refus d’obtempérer.

— Tsss ! Me voilà tellement altruiste qu’on me sacrifie pour une soi-disant grande cause dont je suis la seule à en avoir les qualifications ! Aider le Chevalier de Sang ? Quelle ineptie ! Je doute pouvoir lui être d’une grande utilité !

Fergus se pencha devant elle et posa sa main sur l’avant-bras de sa fille avec bienveillance.

— Ne sois pas aigrie, s’il te plait. Même si je suis aussi inquiet que toi sur ton avenir, je crois aussi en notre Seigneur, le Dieu de toutes choses. Il te protégera, j’en suis sûr. S’il veille sur notre Roi, alors tout va bien !

Aélis leva les yeux. S’il y avait bien quelqu’un en qui elle n’avait plus envie de croire, c’était bien en Dieu.

 

La calèche entra dans une grande ville fortifiée. Aélis arrivait dans son nouveau chez-soi : la ville d’Althéa. Althéa était un fief installé en pied de montagne. Il y avait un côté bucolique assez mignon, et pourtant ses fortifications lui donnaient un aspect altier assez déroutant, en correspondance avec son nom. Il y avait quelque chose de l’ordre de l’impressionnant quand on arrivait devant ses remparts. Althéa était une cité belle, prestigieuse tout en restant très mystérieuse, chargée d’une histoire qu’on ne souhaitait pas raconter avec ses parts sombres, inquiétantes… Du moins, c’était l’impression qu’elle donnait à première vue à Aélis.

Reconnaissant le blason de Piléa sur leur pavillon, les gardes leur ouvrirent l’accès à la ville et elle découvrit ses habitants dans leur quotidien animé. Des soldats, des paysans, des enfants, des artisans… Elle aperçut aussi deux chevaliers au loin. Du moins, ils avaient l’air d’être des chevaliers par leur armure plus prestigieuse que celles des soldats. Elle ne ressemblait pas à celle des soldats du Roi Mildegarde. Elle en déduisit que c’était la tenue des chevaliers d’Althéa dont son futur mari était le chef. Sa gorge se serra en pensant à lui. Le duc d’Althéa était connu pour être impressionnant. Il était décrit telle une ombre qui s’abattait sur vous et dont vous ne pouviez réchapper. Il avait un casque avec de longs poils sombres en crinière. Son armure était ténébreuse avec également une longue fourrure noire sur les épaules. Le plus souvent couverte de rouge du sang de ses victimes, son allure lui conférait une comparaison avec le diable lui-même. On disait même qu’il avait les yeux rouges.

Deux iris intenses, vous brûlant toute once d’espoir de survie face à lui. Si on l’appelait le Chevalier de Sang, c’était parce qu’on racontait que, lorsqu’il était à cheval avec sa cape, les ennemis voyaient l’ange funèbre de la mort qui volait. Mais ce qui venait ajouter indubitablement à sa légende un côté mortifère, c’était que les deux couleurs, le noir et le rouge, de son habillement étaient en adéquation avec la forme de sa magie. Le Chevalier de Sang faisait partie des rares chevaliers maîtrisant un pouvoir magique. Le Duc Callistar connaissait parfaitement l’usage du mana et l’utilisait durant ses combats. À ce qu’on disait, le pouvoir du Chevalier de Sang serait également noir et rouge. L’énergie magique qui émanait de lui se matérialisait en un tourbillon épais de ces deux couleurs qu’il utilisait contre ses ennemis. Le rouge du sang appelant le noir des ténèbres. Certains prétendraient même qu’à ce stade, cela ne pouvait qu’être de la magie noire. Toujours était-il que le Roi voyait en lui son plus fidèle soutien.

 

Ils arrivèrent devant l’entrée du château. La calèche s’arrêta devant un grand escalier. Les habitants passaient devant le château sans que cela semblât poser des problèmes de sécurité. Seuls deux gardes étaient postés devant la grande entrée. Pourtant, le regard d’Aélis s’arrêta sur un homme à petites lunettes, plutôt grand, le cheveu gris attaché en une queue discrète à l’arrière. Il ouvrit la porte de la calèche et lui tendit sa main.

— Bienvenue au château d’Althéa, Demoiselle Aélis De Middenhall. Je suis Mills Aicard, le maître de maison de Messire, le Duc Callistar. Laissez-moi être également votre meilleur soutien dorénavant.

Sa main tendue et son sourire chaleureux lui ôtèrent un peu l’angoisse qui plombait son humeur jusqu’à maintenant. Entendre en première parole qu’elle n’était pas seule dans cet enfer, qu’elle avait une aide, lui fit plaisir. Sans doute ne réalisait-il pas combien son geste et ses mots la touchaient, mais ils avaient pour effet de rendre moins dramatique cet emménagement ici. Elle accepta sa main tendue et descendit de la calèche en lui soufflant un « bonjour et merci ! ». Son père descendit à sa suite.

— Bonjour Sire Fergus De Middenhall. Heureux de constater que vous avez fait bon voyage.

— Bonjour… répondit prudemment Fergus.

— Je vous présente le château d’Althéa !

Il fit un grand geste de bras tout en se tournant vers le château. Il ne semblait pas tout récent, mais plutôt grand. De briques apparentes rougeâtres, sa façade d’accueil est composée de deux tours de chaque côté de l’entrée, d’un haut parapet orné de créneaux et d’une grande porte devant laquelle les deux soldats étaient postés. Pas de tentures. Juste le blason d’Althéa gravé dans la roche.

— Je suis surprise de voir le château si peu protégé des habitants de la ville… déclara alors Aélis, tout en regardant l’ensemble.

— Althéa est une ville paisible. Grâce aux faits d’armes de notre Seigneur et de ses chevaliers à travers les différentes contrées, peu de personnes osent s’en prendre à son fief. La sécurité s’active au niveau des remparts qui entourent la ville. Nous ne souhaitons pas une grande expansion. Aussi les remparts permettent de différencier à la fois ceux qui vivent à l’intérieur et ceux qui arrivent de l’extérieur. Un intrus sera vite repéré par les villageois et la sentinelle. De plus, les villageois n’ont aucun intérêt à attaquer le château. Notre Duc assure leur sécurité, il en va donc de même pour eux vis-à-vis de nous.

Aélis contempla l’activité autour du château. Elle pouvait sentir des regards suspects venant des gens qui passaient. Savaient-ils qu’elle allait devenir leur duchesse ?

— Suivez-moi ! leur dit alors Mills. Je vais vous montrer un peu mieux votre nouvel habitat.

Sa capuche vissée sur la tête, Aélis et son père se regardèrent, peu certains de ce qu’ils allaient découvrir. Les soldats se mirent au garde-à-vous à leur passage de la grande porte. Ils arrivèrent dans le grand hall d’entrée du château et découvrirent une lignée de domestiques de part et d’autre.

— Voici le personnel qui vous servira, Mademoiselle.

Tous se penchèrent devant eux, mais Aélis y prêta peu attention. Comme dans chaque château, le service auprès des nobles restait le même. Et même si elle était leur maîtresse, elle sentait une certaine méfiance de leur part. Une froideur qui contrastait avec Mills. Étaient-ils inquiets du sort qu’elle pourrait leur réserver ? Aélis préféra ne pas y penser et regarder les plafonds du château, et notamment les lustres magnifiques qui illuminaient le couloir qu’ils traversaient. Elle priait pour qu’il la conduise vers quelque chose qui lui ôterait ce poids mélancolique qu’elle avait, depuis qu’elle avait rencontré le Roi.

Ils arrivèrent dans une autre pièce, plus petite, plus intimiste aussi avec des fauteuils.

— Voici la salle d’attente. C’est une pièce intermédiaire entre l’entrée et la grande salle. Nous faisons patienter ici les visiteurs, le temps d’informer Mon Seigneur Callistar de leur venue.

— Allez-vous nous faire attendre ici, jusqu’à ce qu’on le prévienne que je suis arrivée ? demanda alors Aélis.

— Non, Demoiselle De Middenhall. Il n’est pas au château actuellement.

— J’arrive et il n’est pas là pour m’accueillir ? s’exclama Aélis, surprise de son absence. Ça commence bien !

— Aélis ! gronda son père, tout en lui donnant un coup de coude réprobateur auquel elle répondit par une grimace de tracas.

Mills sourit.

— Le Duc Callistar avait un rendez-vous à traiter.

— Plus important que sa future femme ? insista-t-elle, vraiment agacée par cette impolitesse d’emblée.

— La priorité se décide souvent selon la déconvenue à venir si l’objet du rendez-vous n’est pas traité rapidement. Il sait qu’il a toute votre vie à deux pour se faire pardonner. Son rendez-vous, non !

Aélis se raidit face à son sourire amusé. Elle se mit à rougir sans vraiment le vouloir. Toute une vie pour se faire pardonner… Cela lui semblait complètement en inadéquation avec le personnage réputé plutôt sinistre. Pourtant, elle imaginait une entente intime possible et de la douceur d’après ses propos. Son trouble devait se lire sur son visage. Son père lui serra la main et lui sourit.

— Ne te formalise pas pour si peu. Tu auras bien le temps de le rencontrer…

 

Mills leur fit visiter tout le château. Il était grand, mais il avait quelque chose de rassurant. On se repérait vite dans sa configuration. Aélis ne savait pas si c’était l’effet Mills dans sa présentation conviviale qui lui permettait d’être moins stressée, mais elle finit la visite avec une note d’espoir. Son père avait peut-être raison : elle devait garder courage. Mills finit par les laisser se reposer et se rafraîchir dans leurs chambres respectives. Cela soulagea Aélis. Elle avait un endroit pour être seule et souffler. Elle se sentait exténuée par toutes ces convenances et ce nouvel environnement. Entrer dans un terrain hostile était une chose, trouver un moyen d’y survivre en était une autre. Elle se félicita pour l’instant de cette journée. Mills y était sans doute pour beaucoup. Elle venait à penser qu’elle pourrait lui faire confiance. Du moins, elle l’espérait. Dans la noblesse comme ailleurs, tout le monde pouvait s’avérer être une personne décevante. Son père en était l’exemple. Même si elle comprenait sa position, elle lui en voulait de la trahir de la sorte en l’offrant aux désirs du Roi. Elle entendit alors qu’on frappait à sa porte.

— Oui ? répondit-elle alors d’une voix forte.

— Bonjour, Demoiselle. Je suis Éliette, votre dame de chambre.

 

 

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