LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 7

Bonjour à tous ! 

Chapitre 7 !

Et de deux !

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

7

 

La force de l’aveu,

le pouvoir de la parole.

 

 

Depuis que Mills lui avait soufflé la possibilité de la confession comme déversoir de ses tristesses, de ses peurs et de ses doutes depuis son arrivée à Althéa, elle se sentait plus sereine. Un prêtre pouvait lui être de bons conseils et ne la jugerait pas. Du moins, elle l’espérait. Il y avait toujours des hommes de Dieu corrompus, mais elle ne pensait pas que ce soit le cas ici.

Elle avait donc demandé que Sampa l’accompagne à l’extérieur du château. Il avait fallu réorganiser son planning pour le faire remplacer à la garde de l’entrée du château. Elle ne souhaitait pas un autre soldat ou un autre chevalier dont elle ne pouvait juger la fiabilité complète. Elle demeurait méfiante, et Sampa était l’un des rares sur qui elle avait ce sentiment de confiance. Son acte d’opposition face au Duc pour le sauver avait eu du bon, car elle avait réussi à se trouver un nouvel allié.

Même si la distance entre le château et l’église était ridicule, elle préférait éviter une nouvelle effusion de sang à cause de son envie d’indépendance. Elle avait donc sollicité l’aide de Mills pour défaire Sampa de ses fonctions de garde de la porte d’entrée pour qu’il devienne l’un de ses soldats de sortie. Mills comprit sa démarche à vouloir s’appuyer sur une personne qu’elle connaissait. Il trouva ainsi un autre garde et l’avertit que, en rapport avec son statut de duchesse, il lui faudrait un chevalier pour sa sécurité plutôt qu’un simple soldat s’il lui venait à vouloir aller plus loin. C’est ainsi qu’elle apprit que Sampa était un tout jeune soldat et que la garde de l’entrée était déjà un grand gage de confiance en ses compétences. Sampa se trouva honoré de la servir, mais au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient des escaliers de l’entrée du château, elle avait vite remarqué son inquiétude grandir. S’il lui arrivait quelque chose, au-delà de sa vie qu’il lui devait, il pourrait avoir affaire au courroux du Duc et ils avaient tous les deux une idée de ce à quoi pourrait ressembler sa colère si un malheur venait à lui tomber dessus. Faisant fi d’une certaine distance voulue par le protocole entre une noble et un soldat, elle s’accrocha donc à son bras, à la fois pour le rassurer et pour asseoir sa mission de sécurité jusqu’à l’église.

 

L’église était très sobre dans sa présentation. Rien à voir avec la cathédrale de la capitale d’Avéna qu’elle avait eu l’occasion de visiter. Cependant, elle avait de très beaux vitraux de chaque côté, laissant passer la luminosité et donnant un côté très chaleureux, malgré le silence conférant au lieu quelque chose de solennel. Sampa s’assit alors en bout de rangée pour l’attendre tandis qu’elle se dirigeait vers le confessionnal.

Elle attendit cinq bonnes minutes avant que le prêtre la rejoigne.

— Bonjour mon enfant. Le Seigneur vous écoute.

— Bonjour, mon Père. Je viens à vous parce que… j’ai pêché d’orgueil.

Aélis jeta un œil à travers le grillage la séparant du prêtre. Elle pouvait deviner sa silhouette, mais les trous restaient trop petits pour en souligner les détails du visage de l’homme d’Église.

— L’orgueil… Aaaah ! C’est le péché le plus discutable en mon sens. On peut perdre toute moralité, tout sens éthique ou même tout bon sens par un trop-plein d’orgueil et c’est certes un mal, mais il peut aussi développer votre force de caractère et votre intuition. Il peut aussi vous construire positivement. En quoi estimez-vous qu’il y ait péché dans votre cas ?

— Mon père, ma situation est délicate.

— Je vous écoute.

— Je dois être mariée à un homme que je n’aime pas, qui a la réputation d’être effrayant et sans cœur. Jusqu’à présent, j’ai tenté de garder un visage imperturbable, pour montrer combien je pouvais être forte, fiable, digne des attentes qu’on avait à mon sujet, et ce, malgré la peur de l’inconnu avec cet homme… mais hier, mon orgueil de vouloir être écoutée, entendue, considérée, m’a fait tenir tête à mon futur mari au sujet de quelque chose qui me semblait important de défendre et je crois que cette vague d’orgueil va aujourd’hui me coûter plus cher que si je m’étais agenouillée ou m’étais tue.

Le prêtre réfléchit avant d’émettre un avis.

— Peut-on parler d’orgueil lorsque l’on tend à défendre une opinion ? Est-ce faire preuve d’orgueil si ces convictions ont une légitimité, une cohérence, une pertinence pouvant changer l’ordre établi ? On ne peut pas toujours aller contre ses convictions. Elles font aussi notre personnalité. Si vous avez estimé que ce que vous nommez « orgueil » servait une bonne cause, alors il n’y a pas à regretter. Est-ce le cas ?

Aélis se tritura les doigts.

— Je me suis opposée à l’exécution d’un homme. Donc j’estime que c’est une raison valable de m’opposer à mon mari. Seulement, j’ai aussi mis en doute son commandement.

Quelques secondes de silence suivirent avant que le prêtre reprenne.

— Notre Seigneur Tout-Puissant ne vous punira pas de votre acte. Risquer sa vie pour sauver celle d’une autre personne est un acte plus que louable. Il vaut mieux sauver que tuer. Tuer est le plus grand des péchés. Vous avez aussi sauvé votre mari du châtiment divin en même temps que cet homme.

— Je crains que mon mari ne soit plus un homme à sauver. Il a déjà ôté des vies.

— Il faut aussi des hommes de main au service de Dieu pour punir les criminels.

Aélis se tourna vers le prêtre, plutôt abasourdie par ses propos allant à l’encontre du droit à la vie pour tous et d’un Dieu, symbole de vie et de paix.

— L’essentiel finalement n’est-il pas que cette fois-ci deux hommes aient pu éviter un châtiment ? reprit le prêtre.

Aélis secoua la tête pour tenter de reprendre le fil de leur discussion.

— Sans doute. Seulement, j’ai peur aujourd’hui de mon mari, plus qu’avant. J’ai tendance à penser que sauver une vie a mis ma propre vie en sursis.

— Un mari n’a pas d’intérêt à tuer sa femme. Un mariage est avant tout un acte de réunion, non de séparation. Démontrez à votre mari que votre geste n’était pas contre lui directement, mais pour la sauvegarde d’une vie, pour quelque chose de plus universel. Parlez-lui de ce que vous ressentez. Cette divergence peut devenir un prétexte pour vous rapprocher et effacer cette peur initiale. Il n’est jamais trop tard pour contrebalancer votre orgueil par de la tendresse, de l’amour, du partage et assainir la situation.

Aélis s’esclaffa.

— De l’amour et du partage ? Avec lui ? On voit bien que vous n’avez pas idée de qui est mon mari !

Elle rigola bien en pensant à cette possibilité grotesque. Le prêtre ne s’en offusqua pas et approfondit son idée.

— L’amour apparaît là où on ne l’attend pas. Dieu accorde toujours sa bénédiction à ceux qui font un acte de bravoure et ont un esprit sain. Je suis persuadé qu’il vous récompensera tôt ou tard pour cela. Il n’y a pas de don de soi sans retour. Soyez patiente, ouverte aux signaux de Dieu et tentez de limiter l’orgueil en vous. Vous verrez, tout ira bien. Commencez par vous excuser auprès de votre mari d’avoir bravé son courroux et dites-lui que ce n’était pas contre lui personnellement, mais plutôt pour une cause qui vous semblait importante. La discussion amène souvent à des solutions. Laissez votre cœur parler !

Aélis grimaça. Parler pour dissiper ses peurs. Cette solution lui semblait une cause tout aussi perdue que le pardon de Dieu pour les actes mortels de son mari.

— Très bien, mon Père… Si un jour, il daigne me parler, j’y songerai.

— Ne vous découragez pas. La vie est faite de tests. Votre mari est une épreuve de Dieu pour vous guider vers la paix et le bonheur. Récitez trois fois « Notre père » et respirez ! Allez le trouver et débloquez cette situation qui vous mine. Dites-lui ce que votre cœur souhaite entendre.

— Bien, mon Père. Merci pour vos conseils. Je vais en prendre attention.

 

Aélis sortit du confessionnal avec un sentiment bizarre dans le cœur. On disait souvent que les voix de Dieu étaient impénétrables ; elle devait avouer qu’elle n’avait pas vraiment compris quelle voix elle devait entendre, hormis celle de l’ouverture à la parole. Parler à son mari pour désamorcer son envie de lui planter une épée dans le cœur ? Elle doutait que cela suffise tant sa relation avec le Duc avait mal démarré.

Elle s’en alla retrouver Sampa d’un pas indécis. Elle avait comme l’impression d’avoir raté quelque chose. Ils sortirent de l’église et Sampa remarqua sa contrariété.

— Vous ne semblez pas heureuse, Madame ? lui dit-il alors.

Tout va bien ?

— Connaissez-vous le prêtre de cette église, Sampa ? Lui avez-vous déjà parlé ?

— Pas personnellement, mais le prêtre Cléry est très connu ici.

Tout le monde l’admire et se sent en sécurité avec lui.

— Vraiment ?

Son étonnement surprit un peu Sampa.

— C’est un homme d’Église. Pourquoi n’y aurait-il pas homme plus sûr, sécurisant, que lui ? Il vous a dit quelque chose de déplaisant ?

— Non, pas vraiment… Disons qu’il a répondu comme un prêtre…

— Dans ce cas, qu’est-ce qui vous chagrine ?

— Je ne sais pas… Peut-être en attendais-je autre chose…

— Autre chose ?

Sampa se mit à rire.

— Vous étiez en confessionnal, Madame ! Il ne pouvait faire autre chose que vous conseiller !

— Oui, vous avez raison. Que peut faire un prêtre hormis prêcher ?

Sampa la dévisagea à nouveau.

— Vous semblez un peu réticente au fait religieux ? N’êtes-vous pas croyante ?

— Disons que dernièrement, je suis un peu fâchée contre le Tout-Puissant. On ne peut pas dire qu’il m’épargne !

Sampa lui sourit.

— Vous n’avez donc aucune idée de qui est le prêtre Cléry ?

Cette fois, c’est Aélis qui resta circonspecte devant lui. Sampa lui sourit mystérieusement.

— Vous le saurez bien assez tôt puisque vous allez devenir la Duchesse d’Althéa… Croyez-moi, le prêtre Cléry est un homme de foi qui fera tout pour votre bien.

 

<= Chapitre 6                                                              


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LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 6

Bonjour à tous ! 

Chapitre 6 !

Nous approchons de la date de sortie ( pour rappel, l’ebook sort le 13 octobre ).

En attendant, je vous poste deux chapitres supplémentaires pour vous les abonnées. 

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

6

 

Aller de l’avant…

 

 

Aélis n’avait pas dormi de la nuit. Des images du Duc et de ses yeux rouges s’immisçaient dans ses rêves et elle se réveillait systématiquement. Cette rencontre l’avait ébranlée. Elle avait peur. Elle avait comme cette impression malsaine qu’il était constamment derrière son dos, prêt à lui enfoncer son épée dans le corps. Cela la terrifiait. Elle en arrivait à avoir des sueurs froides. Elle imaginait combien le garde de l’entrée du château avait dû se sentir mal, aussi bien pour sa propre vie que pour la sienne. Sampa, son prénom, lui devait la vie et elle ne doutait pas qu’il agirait en conséquence, même si elle ne lui demandait rien en retour. En vérité, même s’il le faisait en retour pour l’acte héroïque qu’elle avait eu pour le sauver, il le faisait aussi et surtout pour la satisfaction de son seigneur. Le Duc avait été clair : il devait sa vie à sa duchesse. C’était bel et bien un avertissement auquel il n’y avait pas de seconde chance de survie possible s’il échouait. Si elle n’aimait pas sa position actuelle, empêtrée dans un mariage qu’elle ne souhaitait pas, ce pauvre Sampa devait encore moins aimer la sienne et cela la navrait. Elle détestait ce type de pression où il n’y avait aucune issue favorable.

 

Elle décida de quitter sa chambre. Elle étouffait à nouveau et elle n’avait pas la patience d’attendre l’arrivée matinale d’Éliette. Elle traversa donc les couloirs, en tenue de nuit, et se rendit vers les cuisines. À se réveiller sans cesse, elle en avait faim ! Même si elle commençait à bien se repérer dans le château, elle n’avait pas encore eu l’opportunité de voir à quoi ressemblaient les cuisines. À vrai dire, ce n’était pas un lieu où devait se trouver une châtelaine, mais tant pis. Elle croisa des domestiques, étonnés de la trouver dans leurs quartiers, mais aucun n’osa l’interpeller. Elle arriva dans la cuisine et un long silence s’en suivit lorsque l’on s’aperçut de sa présence.

— Bonjour ! déclara-t-elle doucement. Je suis Aélis De Middenhall… Je suis la promise du Duc et…

Elle se tut alors, tandis qu’on la dévisageait. Aélis réalisa combien sa présence était gênante en ce lieu et combien sa chevelure non cachée de tous en cette heure si matinale devait aussi les troubler. Elle passa timidement sa main dans ses cheveux.

— Je voulais savoir si… vous n’auriez pas quelque chose à grignoter ?

Une femme de forte corpulence regarda l’heure, puis l’état de la cuisine. Aélis s’empressa alors de rassurer tout le monde.

— Je suis désolée d’arriver à une telle heure avec une telle demande, mais j’ai très mal dormi et…

— Vous avez faim ! continua la dame.

Aélis lui sourit timidement, mais navrée.

— Vous nous prenez un peu au dépourvu à cette heure-ci, car nous prenons à peine notre service de la journée, mais nous allons vous trouver rapidement quelque chose à mettre dans votre estomac. Allez dans la salle à manger, nous allons nous occuper de vous.

 

Aélis regarda la grande table en chêne au milieu de la cuisine.

Des légumes y trônaient, ainsi que de la vaisselle propre, des torchons et des épices.

— Puis-je m’installer plutôt à cette table ? Je ne veux pas déranger tout le monde pour un service !

— Madame, votre place n’est pas dans les cuisines, voyons ! répliqua la femme. Vous allez vite être déconvenue par l’agitation.

Elle observa les autres domestiques de cuisine qui la contemplaient avec inquiétude. Il était clair qu’elle les effrayait du fait de son statut de noble, puis sans doute par la couleur de ses cheveux, bizarres pour son jeune âge. Ils avaient sans doute peur de ses possibles réactions.

— Madame, lui dit alors Aélis de façon contrite, je crois que je n’ai pas très envie… de rester seule.

Elle prit un air triste auquel la femme sembla faillir.

— Tengri, aide à installer Madame à notre table. Lotis, prépare un bouillon. Eruca, cours voir si le boulanger a du pain de préparé malgré l’heure. Les autres, au boulot !

Chacun s’affaira à sa tâche et Tengri vint à elle pour lui présenter le long banc longeant la table. Tout était orchestré avec efficacité. La dame qui semblait être la cheffe des cuisines cria des ordres et les casseroles lui répondaient dans un vacarme incroyable. C’est une symphonie de bruits assez déroutante, mais très agréable à écouter et à observer. Voir du monde retrouver ses aises lui faisait du bien. Très vite, des couverts apparurent devant elle et on lui servit un peu d’eau. Une domestique dont elle ignorait le nom s’occupa de couper des légumes sur la table devant laquelle elle était assise avant de les donner à Lotis.

— Pardonnez-moi, Madame, mais je n’ai pas d’autre endroit pour couper les légumes ! déclara la domestique, tracassée de paraître irrévérencieuse.

Aélis lui sourit.

— Faites ! Ne vous souciez pas de ma présence.

En vingt minutes, son bouillon vint chatouiller ses narines et elle se sentit heureuse. Eruca arriva alors, essoufflée, et déposa le pain tout chaud du boulanger sur la table. La cheffe en coupa alors un morceau qu’elle déposa à côté de son assiette.

— Bon appétit, Madame. Nous allons vous laisser manger.

— Oh non ! s’écria alors Aélis. Vous pouvez vaquer à vos tâches. Ne vous retardez pas à cause de moi ! Faites comme si je n’étais pas là !

Ses remarques semblèrent vraiment surprendre tout le monde. Elle sentit la gêne autour d’elle. Elle pouvait comprendre leur méfiance, mais elle n’avait pas envie de se battre ce matin. Son entrevue avec le Duc la veille lui avait suffi.

— Madame, il nous est impossible d’ignorer votre présence.

Cela va contre le protocole.

Aélis baissa les yeux. Elle les indisposait, elle en était consciente.

— Dans ce cas, disons que je viens inspecter votre façon de travailler. Je peux trouver une excuse à ma présence en ces lieux si vous le souhaitez, cela sera moins gênant peut-être.

La cheffe des cuisines sonda son comportement un instant, puis sourit.

— À votre aise, Madame. N’hésitez pas à nous solliciter si vous avez besoin de quelque chose.

Aélis lui renvoya sa bienveillance avec soulagement et se saisit de la cuillère pour porter le bouillon tout chaud à ses lèvres.

— Mmmh ! Ça fait du bien ! Merci !

— À votre service, Madame !

— Puis-je vous demander votre nom ? osa demander Aélis.

La cheffe écarquilla les yeux, surprise sans doute par cette familiarité qu’elle osait adopter. Du moins, cette distance qu’elle réduisait volontairement entre elles deux.

— Je m’appelle Sativa.

— Enchantée, Sativa ! Je suis heureuse de goûter le bouillon de vos subalternes et le pain ramené par Eruca de chez le boulanger ! Mon estomac vous dit merci !

Sativa la contempla avec perplexité, comme si Aélis était un ovni parmi les nobles. Cette dernière se contenta de manger en silence. Finalement, Aélis sentit Sativa relâcher ses craintes et se décider à donner les ordres pour la suite de la journée à tout son petit monde.

 

~~~~~~~~~~~

Son réveil matinal permit à Aélis de se balader à la fraîche dans les jardins du château, une fois Éliette disposée à s’occuper d’elle. Elle en avait assez de l’apercevoir de sa fenêtre et souhaitait le découvrir de plus près. Le jardin derrière le château était grand, mais de petite taille, comparé à d’autres jardins qu’elle avait pu fouler au gré des invitations de son père dans différents fiefs. Il n’était pas à l’abandon, mais elle nota qu’il y avait peu de fleurs. Était-ce une demande du Duc ? Elle vit aussi peu d’oiseaux. Cela l’étonna un peu. Elle trouva cela dommage. Mais son regard s’attrista surtout lorsque ses yeux se posèrent sur un kiosque. La tonnelle était complètement délabrée, envahie par du lierre qui en étouffait les boiseries. Des tuiles étaient manquantes et remplacées par de grandes toiles d’araignée. Le pavillon était suffisamment grand pour y passer du temps à se reposer ou lire, peut-être même inviter des amis pour un thé. Elle n’avait pas d’amis ici, mais elle imaginait pourtant la quiétude que pouvait offrir ce kiosque. Un endroit de recul, un refuge assez loin du tumulte du château, mais suffisamment près de ce dernier pour être vite disponible. Elle sentit en cet endroit de vieilles histoires, un passé, mais aussi l’oubli.

Pourquoi ce jardin était-il dans un tel état ? Le Duc n’était-il donc pas quelqu’un aimant la nature ?

— Ne rentrez surtout pas à l’intérieur !

Aélis sursauta et se retourna pour voir qui venait de l’avertir. Il s’agissait de Mills.

— Il ne faudrait surtout pas qu’une poutre lâche au moment où vous vous y trouvez dessous !

— Pourquoi est-il dans cet état ? s’enquit-elle.

— Ma foi, personne ne se sert de ce jardin, donc il n’y a aucun intérêt à réellement l’entretenir.

Aélis grimaça. Était-elle donc la seule à se sentir navrée de son état ?

— Dans ce cas, je serai la première ! Serait-il possible de faire venir quelqu’un pour nettoyer les parterres, couper toutes ces ronces et ce lierre qui envahissent les arbres, les murs et ce kiosque ?

— Je vais voir ce que je peux faire… lui répondit Mills tout en s’inclinant.

Aélis lui sourit, ravie de voir sa demande être considérée et non refusée pour une quelconque raison.

— Madame, je viens à vous pour savoir si vous allez bien. Avez-vous bien dormi ?

Son visage surpris devait surprendre également Mills, qui approfondit alors sa pensée.

— Votre état d’hier…

— Oh ! Ça… Sativa vous a parlé de ma venue en cuisine tôt ce matin ? Disons que j’ai du moins bien dormir que le Duc, c’est certain !

Aélis fit une moue contrariée à cette évocation.

— Le Duc dort très peu, vous savez. Il a le sommeil léger et souvent perturbé.

Aélis ne répondit rien à cette remarque.

— Je suis désolé d’apprendre que cette histoire ait troublé votre sommeil… reprit Mills.

— Ça va aller ! se voulut-elle rassurante. Disons que je ne m’attendais pas à une telle confrontation comme première rencontre…

— Le Duc peut paraître froid et effrayant en armure, mais je suis sûr que vous parviendrez à l’apprécier.

Bizarrement, cette fois-ci, elle avait du mal à croire Mills. Elle soupira et regarda le ciel bleu.

— J’aimerais vraiment partir sur une base de paix plutôt que de guerre avec lui, mais je doute de trouver en lui quelque chose qui m’apaise. Il est très impressionnant.

— C’est vrai. Il fait cet effet aux gens qui ne le connaissent pas et ils sont nombreux. Il entretient sa réputation au-delà de ses faits de guerre. Cependant, ses amis restent très fidèles et voient en lui un homme admirable.

— Ses amis ? Je me demande qui ils sont ? Par moments, j’aimerais bien les connaître… pour le comprendre peut-être et me sentir moins seule.

Son cœur se serra. Il était vrai que son plus gros défi actuel était cette solitude permanente. Ses parents lui manquaient.

— Si vous souhaitez vous confier à quelqu’un de fiable en attendant, il vous reste toujours notre prêtre, à la petite église attenante au château. Il y a un confessionnal, et ce que vous pourrez y raconter restera entre vous et le Tout-Puissant. Vous n’aurez aucun jugement et cela pourra peut-être vous soulager un peu.

Aélis fixa Mills avec surprise. Elle pouvait avouer que cette idée était lumineuse. Elle n’était pas la plus grande des ferventes catholiques, mais ce prêtre pouvait être effectivement sa bouée de salut pour l’instant.

— C’est une très bonne idée ! Merci Mills ! Est-il actuellement à l’église ?

— Oooh, il y a de grandes chances. C’est un jour tranquille aujourd’hui !

 

 

 

<= Chapitre 5                                                               Chapitre 7 =>


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LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 5

Bonjour à tous ! 

Chapitre 5 !

Ouais, le week-end a été mouvementé -_-.

Je crois qu’on a tous eu un pic d’angoisse en ce vendredi soir/samedi matin avec ce crash de site. Enfin surtout moi ! Je vous poste bien gaiement le chap 4 et là, pouf ! C’est le drame ! J’oscille entre réparer le site et trouver vite un plan B. Heureusement que le problème a vite été résolu. J’angoisse toujours quand le site tombe en panne. J’imagine vite tout le travail autour partir en fumée si je tente une mauvaise manipulation pour rectifier la panne. Ça peut aller très vite. Après, les différents crashs occasionnels du site me permettent aussi d’apprendre à gérer ce type d’état de crise où je dois éliminer les possibilités calmement , me rappeler les erreurs à ne pas faire et les choses à vérifier. Mais bon, je n’aime pas ça quand même parce que ça tombe toujours quand il ne faut pas !

Mais bon ! On est dimanche et le site est opérationnel, le chapitre 5 est là et tout va bien ! Certaines commencent à se languir de pouvoir enfin rencontrer notre cher Callum Callistar ! Vous êtes comme notre Aélis ! Un héros ne se qualifie-t-il pas par ce charisme présent dans l’atmosphère même lorsqu’il est absent physiquement ?

Mais parfois il suffit d’un hasard pour qu’on tombe dessus !

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

5

 

Une vie

pour une autre

 

 

 

Sa rencontre avec Finley avait fait du bien au moral d’Aélis. Elle n’avait pas ressenti de défiance chez lui, du moins pas comme avec certains domestiques du château. Cela la soulagea de pouvoir enfin rencontrer une nouvelle personne, en plus de Mills, ne la traitant pas comme une femme arriviste ou une entremetteuse. Finley ne l’avait pas non plus jugée avec dégoût ou crainte au moment où elle avait perdu sa capuche. Il n’avait pas accentué son hostilité ou montré une nouvelle méfiance en découvrant sa différence, à la vue de sa chevelure si spéciale. Elle avait pu respirer un peu mieux ensuite, même si ce chevalier restait en période de test à ses yeux. Elle avait apprécié leur discussion légère, malgré son statut de duchesse. Malgré tout, elle espérait sincèrement pouvoir compter sur lui et qu’il n’avait pas feint une comédie pour mieux la trahir derrière.

Aélis rentra donc au château pour regagner sa chambre, l’esprit plus léger. Elle retrouvait un peu d’espoir dans sa vie si chaotique. Plus elle repensait à leur discussion, plus elle se demandait s’il était vraiment son bras droit et à quel point Finley avait une complicité avec le Duc. Après tout, il avait dû partager nombre de batailles avec lui et sans doute les atrocités liées à sa réputation. Pourtant, à première vue, Finley semblait assez jovial et loin d’être un chevalier sans pitié. Qui croire alors ?

 

Tout cela lui triturait les méninges. Mais cette réflexion tourna court lorsqu’elle arriva devant la grande porte du château et qu’elle vit les deux gardes à terre, l’un visiblement mort, le second à genoux, prêt à être exécuté par la grosse épée d’un guerrier couvert de la tête aux pieds par son armure. Mais ce qui la refroidit le plus fut l’armure elle-même. Fidèle aux descriptions de la rumeur : un casque noir et de longs poils en guise de crinière.

Elle frémit. Le doute avait peu de place quant à l’identité du guerrier. Il y avait quelques soldats autour, observant l’exécution ainsi que quelques badauds, résignés à voir leur seigneur accomplir ce qui semblait être un châtiment. Et puis, elle aperçut Mills, le visage désolé.

Voilà donc mon futur mari en chair et en os… murmura-t-elle à elle-même.

Elle ne put que reconnaître l’imposante carrure que cette armure lui conférait, cette puissance palpable par l’ambiance mortifère qu’il dégageait. Elle déglutit et se figea. Pouvait-elle rentrer au château en passant à côté de lui sans prêter attention à ce qu’il se passait ? Il était évident que non. Plus important : pourquoi un garde était à terre et pourquoi menaçait-il de son épée le second pourtant à genoux ?

Elle ne savait pas quoi faire. Aller au contact ou attendre que la situation s’efface de ses yeux ? Plus elle regardait Mills tentant de parler au Duc, plus elle comprenait qu’il essayait de raisonner son seigneur. Pourquoi était-il en colère contre ces deux gardes ? Quelle erreur avaient-ils commise ? Elle se raidit un peu plus, en redoutant la raison.

Est-ce moi la cause de tout cela ? Ma disparition du château sans escorte ?

Elle se précipita sans réfléchir devant le château. Elle monta les marches de l’escalier, sans vraiment penser aux conséquences et la respiration saccadée, puis attrapa le bras de ce guerrier menaçant. Pouvait-elle penser qu’elle pouvait l’arrêter dans son exécution ? C’était d’une stupidité évidente ! Et pourtant, elle stoppa son geste en se glissant sous son épée et en retenant de ses deux mains la garde de son glaive alors qu’il s’apprêtait à le laisser tomber sur ce pauvre homme. Les yeux fermés, elle n’osa pas regarder le résultat. Avait-elle pu le retenir suffisamment ? Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle vit deux iris rouges. Un rouge sang qui la liquéfia sur place au point de reculer et trébucher. Elle se retrouva les fesses au sol sans comprendre pourquoi elle se sentait paralysée devant ce regard. Sans vraiment le vouloir, elle tremblait. Cet homme lui faisait peur. Elle entendait Mills lui crier avec surprise « Madame, vous revoilà enfin ! », mais sa voix lui paraissait lointaine. Elle était happée par ce regard froid, intense, envoûtant. Rouge passion, rouge colère ou rouge assassin, elle n’arrivait pas à décrocher ses yeux de ces deux pupilles qui la fixaient. Mills vint alors s’interposer entre le Duc et elle, et se pencha pour la relever. Elle le contempla d’un air hébété. À vrai dire, elle n’arrivait plus à bouger. Ses jambes étaient aussi flageolantes que son cœur. Elle était une brindille face à un immense chêne. Elle se sentait minuscule, minable, tel un rongeur devant la superbe que dégageait le rapace prédateur, le Duc Callum Callistar. Elle ne voyait rien de son visage hormis ses yeux, mais elle sentait la colère, la rage brute, l’envie de destruction. Une aura rouge et noire l’entourait, prête à l’engloutir. Elle en venait à se dire que cette puissance magique allait la tuer avant son épée.

— Madame, ne vous interposez plus ainsi ! Vous auriez pu être blessée !

Mills la fit revenir un peu à la réalité. Elle regarda un instant son corps. Effectivement, elle n’avait pas de blessures apparentes alors qu’elle avait l’impression d’avoir été broyée par ses deux iris rouges. Son regard dévia ensuite vers le second garde. Il semblait toujours en vie, mais complètement sonné également. Sa vie venait de prendre un répit inattendu grâce à elle, mais pour combien de temps ? Ses yeux allèrent alors vers son bourreau et elle trembla à nouveau. Il avait baissé son épée, mais ses yeux restaient toujours rivés sur elle. Mills lui parlait avec délicatesse, pour qu’elle reste ancrée à lui plutôt qu’à l’homme qui lui servait de maître. Elle se laissa tirer vers le haut pour se relever, mais elle ne se sentit pas de taille. Le Duc Callistar l’horrifiait et elle réalisa combien la rumeur était fondée quant au côté terrifiant.

— Venez ! Ce n’est pas un spectacle auquel une dame de votre rang doit assister.

Elle sentit Mills la tirer loin de la scène, mais ses pieds refusèrent de quitter les lieux.

— Pourquoi doit-il mourir ? Qu’a-t-il fait ? eut-elle la force de demander.

Dans un état second et prise d’un élan de justice lui donnant la force de s’arracher de la poigne de Mills, elle se hâta de s’interposer une nouvelle fois entre le garde et le Duc. Les bras en croix, elle se posa en bouclier tout en réalisant difficilement que cet acte risquait de la mener à la mort, avec celle du garde. Pourtant, elle restait droite et fière.

— Cet homme a failli à sa mission !

La voix du Duc arriva enfin à ses oreilles. Elle était grave, ferme, assurée. Ses premiers mots qu’il lui adressait n’avaient rien de gentils, polis ou désolés.

— Un intrus est entré sans permission ? creusa-t-elle malgré tout, essayant de garder le flegme lié à son rang.

— Vous êtes sortie du château sans autorisation ! lui répond-il tout aussi flegmatique sous son armure.

— Madame, vous avez quitté le château sans prévenir ! intervint Mills, contrit. Vous ne devez pas sortir sans escorte. Les gardes ont aussi pour rôle de vous protéger, or ils vous ont laissée quitter le château sans réagir.

Elle jeta un coup d’œil vers le corps à terre du premier garde. Cet homme était donc mort par sa faute. Parce qu’elle avait voulu jouir d’une liberté qui n’aurait pas dû être possible. Son sang se répandait au sol et elle en avait la nausée. Une vie éteinte à cause de ses envies d’indépendance. Elle se tourna alors vers le second garde, derrière elle et toujours à genoux. Il la fixa à la fois avec reconnaissance, peur et admiration. Elle se retrouvait à la croisée du protocole de la noblesse, entre être la protectrice des habitants d’Althéa et être la cause des sacrifices portés pour protéger cette noblesse qu’elle représentait. Elle serra les dents. Cette situation lui déplaisait lourdement. Si elle avait eu conscience de ce que pouvait représenter le protocole grâce à l’éducation qu’elle avait eue durant sa jeunesse, aujourd’hui, elle en cernait réellement les enjeux.

— Je refuse que cet homme soit exécuté ! cria-t-elle alors. S’il y a quelqu’un à punir, c’est moi !

— Madame ! s’offusqua Mills, comme si ses propos étaient inconcevables dans la bouche d’une dame.

Et pourtant, elle maintint sa position.

— Cet homme est sous ma protection désormais ! S’il doit me protéger, je le protègerai aussi !

Le Duc la fixa de ses yeux rouges sans bouger. Elle sentit couler sur elle une forme d’intérêt teinté d’agacement dû à cette insubordination déplaisante, mais elle se devait de sauver cet homme.

— Si vous touchez à l’un de ses cheveux, je peux vous assurer que le Chevalier de Sang va goûter à la colère de la Duchesse Vengeresse !

Le Duc tout à coup relâcha sa garde et s’esclaffa. Son aura rouge et noire disparut. Sans doute avait-elle exagéré sur le surnom qu’elle s’était donnée et qui pouvait paraître ridicule, d’autant plus qu’elle demeurait un poids plume face à cet homme, mais elle avait ses convictions pour elle. Il pouvait certes la faire taire d’une claque bien sentie sur le visage, mais elle espérait pouvoir garder sa volonté de protéger ce garde comme acquise.

Mills la dévisagea, incrédule. Sans doute, n’imaginait-il pas une dame de cet acabit comme maîtresse, mais c’était ainsi ! Il était hors de question pour elle que l’on exécute un homme à cause de ses caprices de duchesse.

— Voilà donc celle qui doit devenir ma femme ! put-elle entendre alors sous le heaume du Duc.

— Enchantée ! lui répondit-elle de façon altière. Voici donc mon futur époux ! Il était temps ! Je me suis résolue à vous chercher dans tout Althéa puisque vous m’ignoriez ! J’ai même failli me perdre à force de vous attendre et d’espérer vous rencontrer !

Aélis savait bien que ses provocations allaient attiser davantage sa colère, mais elle se rendait compte que la sienne avait besoin d’être extériorisée, Duc sanguinaire ou pas !

— Heureusement, j’ai pu retrouver mon chemin jusqu’au château ! ajouta-t-elle avec sarcasme.

— Madame, s’interposa Mills, votre retour nous soulage aussi. Peut-être êtes-vous fatiguée et désirez-vous vous détendre autour d’une collation ?

— Effectivement ! approuva le Duc. Il vaudrait mieux que vous lui offriez une collation plutôt que je lui offre mon épée sur ses nobles fesses pour calmer son esprit belliqueux !

Il baissa alors sa tête vers le garde à genoux tandis qu’Aélis s’offusquait de sa menace.

— Il semble que ton heure ne soit pas venue, Garde. Tu peux t’estimer être un miraculé. Tu es bien l’un des rares dont j’épargne la vie. Tu as tout intérêt de donner à présent ta vie entière à cette Dame.

Le garde se prosterna alors au sol en remerciement de la clémence de son maître. Le Duc s’avança alors vers sa future épouse et Aélis sentit à nouveau toute son aura l’entourer.

— Ne pensez pas que ma clémence se reproduira. Mon indulgence d’aujourd’hui est seulement mon cadeau de bienvenue ici. Il n’y en aura pas d’autres.

Il passa alors à côté de sa promise et s’éloigna vers l’intérieur du château. Son avertissement résonna en elle comme une menace glaçante la renvoyant à son statut de femme inutile, simplement bonne à perpétuer la lignée. Elle laissa retomber ses bras puis sentit les larmes lui monter aux yeux. Ses jambes l’abandonnèrent définitivement et elle s’écroula au sol une nouvelle fois. Mills vint à elle, inquiet, ainsi que le garde à qui elle avait sauvé la vie.

— Madame la Duchesse, est-ce que ça va ? lui demanda le garde.

Elle le contempla dans un état second. Elle réalisa combien cette confrontation l’avait lessivée et combien le Duc était un homme terrifiant. Mills lui tendit un mouchoir en tissu pour essuyer les larmes qui dévalaient ses joues. Le garde se prosterna alors devant elle.

— Merci, Duchesse, d’avoir sauvé ma vie…

 

 

 

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LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 4

Bonjour à tous ! 

Chapitre 4 !

Aujourd’hui, nous découvrons Finley ! Ouais, encore un nouveau personnage. Mon petit Fin…

Je commence enfin à avoir quelques-uns de vos retours sur ces 1ers chapitres. Que vous arrive-t-il ? Vous êtes timides ou quoi ? Voyons, depuis le temps ! Pas de ça entre nous, voyons ! Dites-moi ce qui traverse votre esprit à la fin de lecture !

( L’onglet « commentaire » en bas est opérationnel !)

(Un clic sur les étoiles d’évaluations ne coûte rien et fait une heureuse => moi en l’occurence ! ^_-)

(Rendez mon weekend joyeux svp !)

Je sais que certains.es attendent la sortie effective du livre ( l’annonce bientôt !) pour éviter la frustration, mais ça a aussi du bon de lire au compte-gouttes pour faire monter l’eau en ébullition, pour amorcer le tsunami, pour finir avec un ouragan dévastateur d’émotions une fois le bouquin dans les mains !

Ouais, je m’égare… On a dit : » le chap 4 ! ». Restons concentré.e.s… 

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

4

 

Le hasard

fait les rencontres

 

 

Aélis sursauta et se sentit tout à coup paniquée en voyant l’homme derrière elle, comme si elle avait commis la pire faute qu’il soit.

— Pardon ! Je ne veux pas de mal à ce cheval, je vous assure !

Aélis recula, effrayée d’hypothétiques représailles.

— Vous n’avez effectivement pas l’air d’une voleuse ! lui dit pour la rassurer le garçon prétendant se nommer Finley.

— Non, j’étais simplement curieuse de voir les chevaux et celui-ci est particulièrement beau !

— Vous trouvez ? lui demanda-t-il avec un grand sourire qui la soulagea un peu. Je trouve aussi ! Remarquez, c’est normal puisque c’est mon cheval !

Il lui caressa le museau tout en l’affublant de petits noms tendres : ma petite fraise, mon petit marron, ma jolie luciole. Aélis le regarda alors avec plus de méfiance, bien qu’il semblât vouloir être plus sympathique avec elle que belliqueux. Elle savait que la douceur pouvait aussi cacher plus de sournoiserie.

— Je croyais qu’il s’appelait Lutès ?! demanda-t-elle.

— C’est son nom effectivement !

Aélis contempla le cheval, et en particulier chercha ses parties génitales pour confirmation.

— Alors pourquoi des surnoms… féminins ? C’est bien un mâle, non ?

— Oui, cela en est un ! s’en amusa Finley devant son air circonspect. C’est un très bon reproducteur d’ailleurs ! Il a déjà eu trois enfants.

— Mais vous l’appelez pourtant « ma petite luciole »… rétorqua Aélis, sceptique.

Finley se mit à rire.

— J’aime le taquiner ! lui chuchota-t-il en s’approchant de l’oreille de la jeune femme, comme si le cheval pouvait l’entendre et s’en vexer. C’est ma façon de créer notre complicité !

Elle observa le cheval, perplexe, se demandant vraiment si Lutès pouvait comprendre le sens de chaque surnom et s’en fâcher. Le cheval lui donna alors des petits coups de tête qui semblaient montrer l’affection de l’animal pour son maître et confirmer ses dires. Aélis sourit alors et relâcha sa méfiance. Finley semblait bien être son maître.

— Et vous êtes… chevalier ? l’interrogea-t-elle, plus soulagée.

Finley la fixa plus attentivement.

— Chère Aélis, qui êtes-vous ? Tout le monde sait qui je suis ici, sauf vous visiblement ! D’ailleurs, c’est la première fois que je vois une aussi belle femme dans les alentours ! D’où venez-vous ?

Sa question la désarçonna, et pourtant elle n’était pas sur le dos de Lutès !

— Veuillez pardonner ma méconnaissance de cette ville et de ses habitants. Je ne vais pas vous déranger plus. Je ne souhaitais pas vous mettre mal à l’aise.

Elle s’inclina et le contourna pour le quitter. Elle se rendit compte qu’elle avait peut-être été vraiment imprudente en quittant le château. Même si Mills lui avait assuré de la sécurité d’Althéa, elle restait une femme, en l’occurrence noble et seule. De quoi attiser malveillance et jalousie.

— Attendez ! lui cria-t-il alors d’une voix plus grave et froide.

Aélis s’arrêta et se pétrifia sur place. Son imprudence se payait en cet instant. La main de Finley venait de se poser sur son épaule pour stopper son départ. Ramenée en arrière par la poigne de Finley, elle perdit un peu l’équilibre et sa capuche tomba sur ses épaules, mettant à découvert ses cheveux argentés. Aélis se redressa immédiatement et prit ses distances, gênée. Finley remarqua la couleur de ses cheveux et le malaise d’Aélis qui remit sans attendre sa capuche. Malgré un silence pesant et un repli sur elle, Finley resta poli.

— Je suis Finley Montémory, chevalier d’Althéa et bras droit du Duc Callistar.

Aélis le contempla un peu plus dans le détail. La blondeur de ses cheveux et le bleu de ses yeux, sa minceur apparente, mais ses épaules larges, tout en lui relevait plus d’un prince de ses rêves que d’un chevalier. Mais ce qui l’interpelait, c’était qu’il se présentait comme le bras droit de son futur mari.

— Maintenant que vous savez qui je suis, répondez à ma question. Qui êtes-vous ?

Aélis blêmit.

— Je suis… Aélis… De Middenhall.

Finley posa sa main sur son menton pour réfléchir. Il semblait perturbé.

— Middenhall… Middenhall… Ce nom me dit quelque chose ! Où est-ce que je l’ai entendu ?

— Mon père, Fergus De Middenhall, est conseiller à la cour du Roi.

Au vu de sa tête, cette référence ne semblait pas éclairer sa recherche. Aélis soupira. Elle devait jouer la franchise pour ne pas éveiller des soupçons plus belliqueux.

— Et je suis également la…

Elle grimaça comme si ce qu’elle s’apprêtait à révéler, allait lui écorcher la langue.

—… promise du Duc Callistar.

— C’est ça ! s’écria-t-il alors tout en tapant sa paume de main de son poing avec satisfaction. Je savais bien que ça me parlait !

Ils se sourirent et se jaugèrent alors avant que Finley ne se fige et la dévisage avec panique.

— Vous êtes la promise du Duc… Nom d’un troll à trois nez ! Vous êtes la future Duchesse et moi…

Il posa tout à coup son genou à terre pour s’incliner devant son statut.

— Veuillez me pardonner de mon impolitesse, Ma Duchesse ! J’ai été des plus outrageants envers votre personne. Je mérite la plus ferme des punitions.

 

Son soudain changement d’attitude déstabilisa Aélis qui passa de potentielle ennemie à maîtresse des lieux en une fraction de seconde. Elle ne s’attendait pas à un tel revirement de comportement de sa part. Elle se sentit, du coup, aussi gênée que lui.

— Je n’irai pas jusqu’à vous punir pour un tel malentendu. Vous ne pouviez pas savoir !

Elle l’attrapa alors par le bras pour qu’il se relève.

— Relevez-vous, s’il vous plaît.

Elle pouvait comprendre son inclination devant son rang, elle en avait même l’habitude, car c’était le protocole, du moins à Piléa, mais cela la gênait ici. Avec lui, elle ne se sentait pas supérieure. D’autant plus qu’elle n’était pas encore officiellement Duchesse tant qu’elle n’était pas mariée au Duc. Le comportement si clément d’Aélis surprit le chevalier. Finley hésita entre obéir à sa demande et insister dans son acte de déférence à sa Duchesse.

— Je vous en prie, lui chuchota-t-elle, je ne souhaite pas attirer les regards…

Il regarda alors autour d’eux et finalement, se redressa complètement.

— Ma Duchesse… est-il prudent de vous balader seule, sans escorte ? chuchota-t-il également en réponse.

— Je ne souhaite pas attiser les interrogations sur moi et encore moins déranger.

Elle hésita à lui en dire plus, mais Finley ne semblait pas être un mauvais garçon.

— On ne peut pas dire que ma présence soit la bienvenue pour tout le monde…

Elle baissa les yeux, un peu gênée de cet aveu. Il se montra alors désolé, mais très vite, il retrouva son ton plus léger.

— Si vous le souhaitez, je peux vous faire visiter le territoire du Duc. Cela ne me dérange pas et je serai aussi plus rassuré de vous savoir avec moi qu’à la merci du danger, sans protection. Le Duc ne me pardonnerait pas cette erreur !

Aélis grimaça à la réaction éventuelle du Duc.

— Je doute que le Duc vous réprimande…

— Pourquoi dites-vous cela ? demanda Finley, intrigué par autant de scepticisme de sa part. Il est très à cheval sur beaucoup de choses et en particulier sur ce qui lui appartient !

— Je suis ici depuis deux jours et je ne l’ai toujours pas rencontré !

Sa révélation assez tranchante sembla surprendre Finley.

— Oh.

Elle le vit alors réfléchir.

— Il a eu pas mal de petites choses à régler, mais il est disponible depuis plusieurs heures maintenant.

Ils se regardèrent et une nouvelle gêne s’installa entre eux. Finley réalisa que ce qu’il venait de penser tout haut s’ajoutait au désagrément de sa duchesse à propos de son maître.

— Je suis sûr qu’il vous cherche ! lui dit-il pour paraître rassurant alors qu’elle devenait encore plus sceptique.

— Moi aussi ! lui dit-elle alors avec un sourire faussement sincère. Il me cherche autant que j’attends qu’il me trouve !

Elle ne devait pas montrer autant de mépris pour l’homme qui allait devenir dans quelques jours son mari, mais elle était à cran. Elle n’avait rien demandé et ne cessait de subir des désillusions depuis cette visite chez le Roi Mildegarde. Parfois, elle rêvait d’être vraiment une sorcière. Aujourd’hui était un de ces jours où elle rêvait que sa chevelure grise était bien le signe évident de sorcellerie dont on avait pu l’accuser depuis son enfance.

Finley l’observa avec une compréhension certaine, mais non dénuée de compassion.

— Je suis désolé que votre accueil ici soit si teinté de mauvaises surprises.

Le désappointement de Finley laissa à Aélis un sentiment de culpabilité. Elle ne voulait pas gêner le chevalier avec ses états d’âme.

— Ne vous en faites pas pour moi ! rectifia-t-elle rapidement. Dans un sens, ça m’arrange de ne pas rencontrer… cet être… sanguinaire et diabolique.

Son dégoût à ces mots valait autant que la surprise de Finley, puis son amusement. Il se mit à rire tout à coup.

— Je vois que la réputation de notre Duc l’a encore précédée ! Vous savez, il y a l’être et le paraître ! Ne vous fiez pas à l’image qu’il renvoie à ceux qu’il ne connaît pas et encore moins à celle que perçoivent ceux qui ne le connaissent pas. Prenez cela comme un conseil pour l’apprivoiser.

L’apprivoiser ? Comme une bête sauvage ? Oui, eh bien, je n’ai aucune envie de rencontrer la bête.

— Ah ah ! C’est vrai que mon conseil sonne bizarrement ! Mais je vous assure que ses alliés n’ont pas le même traitement que ses ennemis.

Aélis lui sourit poliment, voulant honnêtement le croire, même si le départ entre eux deux semblait raté. Elle caressa la tête de Lutès, comme pour se redonner du courage devant cette adversité qui devait paraître futile comparée à ce que pouvait rencontrer ce chevalier sur les champs de bataille.

— Je vais devoir vous abandonner ! lui dit-elle finalement. Je dois retourner dans mes quartiers… seule… avec ma fenêtre et les oiseaux pour seuls amis !

Finley pouffa devant ses paroles. Aélis rit de bon cœur avec lui. Cela lui faisait du bien de pouvoir se lâcher sur ce qu’elle vivait au quotidien.

— N’hésitez pas à venir caresser Lutès ! Ma licorne sans corne adore les papouilles !

Aélis lui fit un signe de tête reconnaissant.

— Si vous souhaitez vraiment vous faire pardonner de votre précédent comportement discourtois et méfiant envers votre future Duchesse, s’il vous plait…

Elle posa son index devant sa bouche pour lui faire comprendre que leur discussion devait rester entre eux. Il lui offrit un grand sourire charmé.

— À peine rencontrée, et je suis déjà dans les secrets de ma Duchesse. Je suis un homme comblé ! Promis !

Il posa son index devant sa bouche, en réponse, pour confirmer le pacte. Aélis s’inclina légèrement pour se soustraire ensuite à sa vue. S’il répétait leur discussion, elle saurait que Finley ne serait jamais une personne en qui elle pourrait avoir confiance. Elle devait tester les gens pour savoir qui pouvaient réellement devenir ses alliés ou ses ennemis. Elle n’avait pas beaucoup de choix pour l’instant. Finley s’inclina à son tour, tel le chevalier obéissant qu’il se devait d’être.

— Si vous souhaitez une escorte, je serai honoré de vous servir, Ma Dame !

— Merci, Finley.

— Oh ! Et…

Il lui sourit avec gentillesse.

— J’adore vos cheveux !

Finley put lire une certaine surprise sur son visage, puis le poids difficile de cette particularité sur son quotidien par son regard perdu dans le vide malgré un petit sourire.

— Mais… je n’ai rien vu et n’ai rien dit ! s’empressa-t-il d’ajouter pour confirmer leur secret. Je ne vous ai même pas rencontrée !

Aélis se mit à rire et le quitta avec gratitude.

 

 

 

 

 

 

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LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 3

Bonjour à tous ! 

Voici le chapitre 3. Après avoir fait la connaissance de notre cher Mills, voici maintenant Eliette ! Que pensez-vous de ce début ? Il y a pas mal de personnages qui vont graviter autour de notre Aélis. Tous hauts en couleur !

J’ai rectifié le bug au niveau de l’ajout de commentaires. Vous pouvez dorénavant le faire ^^.

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

3

 

Exister

en territoire inconnu

 

 

 

Éliette apparut devant Aélis et s’inclina rapidement. C’était une jeune femme assez maigre, le teint blême, les cheveux attachés en un chignon caché par un tissu en dentelle.

— Je viens à vous pour vous aider à faire votre toilette si vous le souhaitez. C’est Monsieur Aicard qui m’envoie.

— Est-il prévu que je soupe en présence du Duc ?

— Je ne saurais dire. Il faut voir avec le maître de maison pour ce qui est du planning de Messire Callistar.

Tout cela l’agaçait. Elle avait l’impression d’être promise à un fantôme. Elle fit un signe à la servante pour qu’elle s’exécute, même si elle restait tendue. Éliette l’invita à s’asseoir devant la coiffeuse et défit sa coiffure pour lui brosser les cheveux. Sa surprise s’exprima en un silence et un arrêt brutal de son geste lorsqu’elle lui retira sa capuche et vit ses cheveux gris. Aélis comprit sa stupeur, mais préféra lui faire oublier toutes les possibles théories fumeuses qu’elle pourrait avoir en tête en lui changeant l’ordre de ses réflexions.

— Éliette, n’est-il pas trop dur pour vous de travailler pour le Duc ?

Éliette sembla surprise de sa question si directe. Aélis pouvait reconnaître ne pas avoir pris de pincettes alors qu’elles ne se connaissaient pas, mais la curiosité la dévorait. Elle angoissait à l’idée d’être l’épouse de l’homme le plus effrayant qu’il soit. Elle attendait des réponses pouvant soulager son inquiétude.

— Pourquoi me posez-vous cette question ? lui demanda la servante alors, à la fois gênée et méfiante.

— Je ne sais pas. Je crois que me marier à votre Seigneur me terrorise.

Éliette ne répondit rien et défit sa coiffure pour la brosser.

— Vous ne souhaitez pas me répondre ? lui demanda alors Aélis, plus offensive.

— Il n’y a rien de plus dur que la rue et notre Duc est celui qui m’en a sortie. Vous n’obtiendrez rien de médisant de ma part.

Elle commença à lui tresser les cheveux et Aélis sentit qu’elle n’y allait pas de main morte. Sa poigne lui tirait les cheveux. Elle ignorait si c’était par rigueur et concentration professionnelles ou si sa question dérangeait vraiment, mais son visage à travers le reflet du miroir s’était fermé.

— Je n’attends aucune médisance en particulier. Je vous demande seulement comment se comporte le Duc avec vous. Est-il dur, autoritaire, imbuvable, ou doux, à l’écoute, honnête et droit ? Si vous préférez me décrire l’aspect le plus beau du Duc par peur de représailles de ma part, vous n’avez rien à craindre de moi. Je ne vous jugerai pas. Je me garderai bien de contester quoi que ce soit, ne l’ayant jamais rencontré !

— Souhaitez-vous prendre un bain ? l’interrompit Éliette tout à coup.

Visiblement, sa question dérangeait ; elle changeait de sujet.

— Vous savez, vous pouvez me parler sans crainte, je ne répèterai rien…, insista Aélis.

— Monsieur Aicard vous a-t-il montré la salle au grand bassin ?

Aélis finit par capituler, comprenant que sa discussion ne mènerait nulle part. Éliette n’avait aucune confiance en elle et cela semblait logique qu’elle refuse de se confier à une étrangère sur le point d’épouser son maître et pouvant la trahir auprès du Duc. Elle devait gagner sa confiance avant tout.

— Je l’ai aperçue très rapidement ! Serait-il possible d’y aller demain matin ?

— À votre aise, Dame Aélis De Middenhall.

— Vous pouvez m’appeler Aélis.

— Bien, Dame Aélis.

 

Aélis passa une heure avec Éliette, mais tout resta très formel et Éliette se montra peu loquace. Elle était une opportuniste à ses yeux et elle se demanda même si son mariage avec leur Duc était un événement que le personnel du château considérait d’un bon œil. Elle ignorait ce qu’ils pouvaient tous penser d’elle, mais il restait évident que les subordonnés du Duc lui semblaient très fidèles. Leur méfiance vis-à-vis de son père et d’elle était notable à bien des égards : regards méfiants ou défiants, chuchotements après leur passage, bruits de bouche indiquant un déplaisir certain, rire sournois dans leur dos. On la jugeait avant même qu’elle ait pu faire ses preuves. Pensaient-ils qu’elle était l’instigatrice de ce mariage ? Qu’elle avait soumis l’idée au Roi ? Croyaient-ils qu’elle soit issue d’une famille peu recommandable selon leurs critères de sélection ? Mais comme pour Éliette, elle ressentait cette animosité à son égard et ça l’inquiétait, notamment pour sa sécurité. Il arrivait vite un empoisonnement ou un accident dès que le personnel voyait d’un mauvais œil une personne de la noblesse. C’était déjà arrivé dans de nombreux fiefs. La relation domestique/maître demeurait une relation de donnant-donnant. Aélis pouvait fragiliser ce lien par sa simple venue et son statut d’épouse.

 

Le reste de la soirée ne fut pas mieux. Son futur époux se montra également absent durant le souper. Heureusement que Fergus était là, sinon Aélis aurait fini le repas dans sa chambre, par écœurement du peu de considération que lui donnait le Duc. Cela la rendait encore plus nerveuse. Elle avait peur de le rencontrer, mais elle avait aussi hâte de le voir pour vérifier s’il deviendrait son allié ou un ennemi à compter en plus. Son avenir allait dépendre de son attitude à son égard et elle redoutait ce moment. Que ferait-elle s’il la rejetait ? Elle n’était déjà pas loin de penser qu’il l’évitait. S’il l’ignorait, comment allait-elle survivre à cette nouvelle expérience ? Était-ce donc ainsi qu’elle devait envisager sa vie d’épouse ?

Elle passa une nuit agitée. Elle avait mal dormi. D’horribles rêves l’assaillaient, où l’épée du Chevalier de Sang lui transperçait la poitrine alors qu’elle le suppliait de faire au mieux pour devenir la meilleure des épouses. Lorsqu’elle reprit conscience, elle était en sueur et réalisa combien elle se sentait ridicule d’être dans ce postulat de femme soumise.

Le lendemain, Éliette la conduisit à la salle du grand bassin. C’était une pièce magnifique, ornée de mosaïques. Il y avait de quoi se laver avec des vasques adossées à un mur où sont collés des miroirs, des tabourets, des seaux de bois et puis ce bassin d’eau chaude pour se baigner et se reposer. Elle y resta une heure, puis Éliette s’occupa d’elle pour l’habillement, la toilette du visage et des cheveux. Elle sortit de cette salle du grand bassin ressourcée et s’avérait convaincue d’y retourner souvent. Éliette effectua son travail correctement, mais Aélis préféra rester seule plutôt que de sentir cette tension froide en sa présence.

Elle rejoignit son père rapidement dans la salle à manger. Fergus De Middenhall avait commencé son petit-déjeuner.

— Te voilà enfin ! lui dit-il alors, tout en se levant pour la serrer contre lui. As-tu bien dormi ?

— Pas vraiment. Mon angoisse ne cesse d’augmenter et j’en fais des terreurs nocturnes.

Son père lui montra un visage navré.

— Je ne sais pas quoi dire pour soulager ta conscience, ma fille. Je sais que ce n’est pas facile. Moi-même, j’ai du mal à croire que je risque de repartir sans avoir vu l’hôte de ces lieux.

— Maman t’attend. Tu ne peux pas rester ici éternellement. Le voyage en calèche est déjà suffisamment long pour que tu prennes davantage de retard.

— Te laisser seule ici ne m’empêche pas d’angoisser. Je sais que c’est en partie de ma faute si tu te retrouves dans cette situation, mais je ne peux qu’être inquiet pour la suite.

Aélis ravala sa rancœur une nouvelle fois en silence. L’inquiétude de son père passait mal, comparée à la sienne.

— On se revoit bientôt ! trancha-t-elle pour ne pas envenimer les choses.

— Oui, le bal de fiançailles, puis le mariage, je sais. Aélis, tu sais, je suis fier de ta force mentale. Tu as le courage de ta mère. Même si ton départ l’a affectée, c’est une femme qui a toujours été capable de rebondir et je ne doute pas que tu en fasses de même.

 

Les paroles de son père lui firent mal au cœur. Si elle ne doutait pas du courage de sa mère, la comparaison ne lui semblait pas judicieuse pour dédramatiser cette position d’épouse de convenance. Sa mère lui manquait. Elle avait été beaucoup plus partagée sur son sort. Elle avait exprimé plus de réserve. Malgré tout, son père restait son père. Son cœur se serra à l’idée de ne plus les voir aussi souvent à partir de maintenant. Elle quittait les deux piliers qui l’ont fait grandir. Fergus l’invita à sa table pour leur dernier repas en famille avant qu’il ne la quitte.

Voir son père quitter le château fut un effondrement. Sa colère s’effaça devant l’idée de perdre son allié, son protecteur de toujours, son père. Heureusement, Mills l’avait accompagnée durant cette douloureuse épreuve. Il l’avait supportée, encouragée, rassurée, durant l’heure suivant son départ pour faciliter la transition. La solitude ne lui avait jamais autant pesé que maintenant. Elle se sentait perdue, désœuvrée et ignorée par le principal intéressé : le Duc Callistar. Mills ne suffisait pas à lui faire oublier dans quelle histoire insensée on l’avait plongée. Sa tristesse était sans fin. Elle se vit dans l’obligation de lui fausser compagnie poliment pour partir s’enfermer dans sa chambre. Elle avait besoin d’évacuer le trop-plein d’émotions qui la parcourait depuis cette fameuse rencontre avec le Roi.

 

Aélis émergea d’une sieste pleine de larmes, deux heures plus tard. Les rayons du soleil à travers la fenêtre l’appelaient. Elle avait besoin de sortir de ce château, de prendre l’air. Elle étouffait. Les cheveux cachés sous sa cape, elle quitta la chambre en trombe, passa devant Éliette en courant sans lui accorder le moindre regard et fonça vers la grande porte. Le soleil l’aveugla, mais elle était à l’air libre. Rien ne lui avait été dit concernant sa possibilité de quitter le château, alors elle la saisissait. Les deux soldats à l’entrée parurent surpris de la voir seule, mais ne dirent rien. Elle en profita donc pour dévaler les escaliers devant le château et prendre de l’air à pleins poumons. Elle repéra rapidement une petite église jouxtant le château d’un côté et ce qui semblait être le bâtiment des chevaliers de l’autre. Une écurie semblait apparaître entre le château et le bâtiment des chevaliers. Elle décida donc d’aller se trouver un ami auprès des animaux.

Elle ne vit personne aux abords de l’écurie. Elle ne savait pas si elle devait s’en sentir soulagée ou peinée. Elle avait besoin de rencontrer des gens, mais elle craignait d’être déçue de leur comportement distant. Les box des chevaux paraissaient assez propres et les bêtes bien entretenues. Quelque part, cela lui fit plaisir de voir que les chevaux des chevaliers étaient considérés à leur juste valeur. Cependant, la charpente semblait vieille, les outils usés par le temps. Elle s’avança vers les chevaux et en caressa un. Sur le box était écrit « Lutès ».

— Salut Lutès ! Ne t’inquiète pas, je ne te ferai pas de mal ! Je viens en paix ! Tu es magnifique, dis-moi.

La robe du cheval était beige. Son poil était court, mais très bien entretenu. C’était un cheval assez imposant. Il avait trois tresses en guise de crinière, attachées toutes trois par des liens en cuir. C’était joli, mais restait assez masculin.

— Je me nomme Aélis ! Enchantée ! lui dit-elle tout en lui donnant de grandes caresses.

— Enchanté ! Moi, c’est Finley !

 

 

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LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 2

Bonjour à tous ! 

Ce chapitre 1 a titillé votre curiosité ? Ce chapitre 2 va renforcer cela !

Notre pauvre Aélis subit la volonté du Roi Mildegarde et va devoir aller se marier avec le Duc Callistar !

Voici la suite avec ce chapitre 2.

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

2

 

Derrière les portes

d’Althéa

 

 

 

— Nous arrivons ! cria le cochet.

Fergus De Middenhall contempla sa fille avec tristesse. Son sort était scellé. Ils n’avaient pas échangé un mot durant tout le voyage en calèche. Son père comprenait bien qu’elle n’était pas d’humeur à recevoir ses platitudes sur le positivisme existentiel. Elle était une femme, et par ce fait, elle était prisonnière du bon vouloir des hommes. Trois hommes pour être précis : son père, le Roi et son futur époux. Chacun tenait une chaîne de sa vie. Aélis ne décolérait pas de sa situation. Elle avait bien tenté de dire sa désapprobation au Roi Mildegarde, mais son père l’avait fait taire sur-le-champ. Il était clair que les projets du Roi étaient devenus plus importants que le bonheur de sa fille. L’indocile Aélis devait accepter sans broncher. Telle était la dure réalité. Depuis, elle était restée murée dans un silence glacial, au point de s’enfermer elle-même des jours durant dans sa chambre jusqu’à ce voyage.

Son père pouvait lui montrer un air navré, cela ne changeait rien à ce qui l’attendait. Elle était une sacrifiée pour la cause du Roi. Elle se mit à nouveau à pleurer face à cette injustice. Voilà des jours qu’elle pleurait cette angoisse d’être jetée en pâture au plus effrayant des chevaliers de la cour.

— Aélis, je te le redis : « je suis désolé ».

— Tu peux garder tes excuses pour toi ! Je n’en veux pas !

— Tu es ce que j’ai de plus cher dans ma vie, Aélis, mais je connais le Roi depuis vingt ans et je sais que ce n’est pas un homme qui agit à la légère. Il a pesé le pour et le contre et il sait combien tu nous es importante. Sa demande doit avoir du sens. Tu dois aider ce chevalier, comme il te l’a demandé ! C’est une mission avant tout !

— Tu n’as pas cherché à me défendre, à défendre ma volonté, donc garde ton affection et tes balivernes pour un plus crédule ! rétorqua-t-elle, mauvaise.

Fergus baissa les yeux, navré de constater combien sa colère restait vive.

— Je sais que je te déçois, mais je n’ai pas le choix.

— On l’a toujours ! vociféra-t-elle.

— Tu es jeune. Tu as toujours été un peu rêveuse. Du moins idéaliste, malgré les déconvenues vécues depuis ton enfance. Depuis toute petite, tu as toujours agi de façon à faire le bien autour de toi et croire que rien n’était impossible, qu’il y avait du bon en chaque personne. S’il te plait, continue de garder cela en tête. Le Roi ou le Duc, considère-les comme des personnes bonnes, ayant besoin de toi ! Ne vois pas cela comme une punition, mais comme un honneur de les aider et de te considérer comme l’unique personne capable d’y parvenir. Tu n’as jamais vu le Duc Callistar. Qui sait ? Il n’est peut-être pas celui qu’on décrit.

Aélis croisa les bras pour affirmer son mécontentement et son refus d’obtempérer.

— Tsss ! Me voilà tellement altruiste qu’on me sacrifie pour une soi-disant grande cause dont je suis la seule à en avoir les qualifications ! Aider le Chevalier de Sang ? Quelle ineptie ! Je doute pouvoir lui être d’une grande utilité !

Fergus se pencha devant elle et posa sa main sur l’avant-bras de sa fille avec bienveillance.

— Ne sois pas aigrie, s’il te plait. Même si je suis aussi inquiet que toi sur ton avenir, je crois aussi en notre Seigneur, le Dieu de toutes choses. Il te protégera, j’en suis sûr. S’il veille sur notre Roi, alors tout va bien !

Aélis leva les yeux. S’il y avait bien quelqu’un en qui elle n’avait plus envie de croire, c’était bien en Dieu.

 

La calèche entra dans une grande ville fortifiée. Aélis arrivait dans son nouveau chez-soi : la ville d’Althéa. Althéa était un fief installé en pied de montagne. Il y avait un côté bucolique assez mignon, et pourtant ses fortifications lui donnaient un aspect altier assez déroutant, en correspondance avec son nom. Il y avait quelque chose de l’ordre de l’impressionnant quand on arrivait devant ses remparts. Althéa était une cité belle, prestigieuse tout en restant très mystérieuse, chargée d’une histoire qu’on ne souhaitait pas raconter avec ses parts sombres, inquiétantes… Du moins, c’était l’impression qu’elle donnait à première vue à Aélis.

Reconnaissant le blason de Piléa sur leur pavillon, les gardes leur ouvrirent l’accès à la ville et elle découvrit ses habitants dans leur quotidien animé. Des soldats, des paysans, des enfants, des artisans… Elle aperçut aussi deux chevaliers au loin. Du moins, ils avaient l’air d’être des chevaliers par leur armure plus prestigieuse que celles des soldats. Elle ne ressemblait pas à celle des soldats du Roi Mildegarde. Elle en déduisit que c’était la tenue des chevaliers d’Althéa dont son futur mari était le chef. Sa gorge se serra en pensant à lui. Le duc d’Althéa était connu pour être impressionnant. Il était décrit telle une ombre qui s’abattait sur vous et dont vous ne pouviez réchapper. Il avait un casque avec de longs poils sombres en crinière. Son armure était ténébreuse avec également une longue fourrure noire sur les épaules. Le plus souvent couverte de rouge du sang de ses victimes, son allure lui conférait une comparaison avec le diable lui-même. On disait même qu’il avait les yeux rouges.

Deux iris intenses, vous brûlant toute once d’espoir de survie face à lui. Si on l’appelait le Chevalier de Sang, c’était parce qu’on racontait que, lorsqu’il était à cheval avec sa cape, les ennemis voyaient l’ange funèbre de la mort qui volait. Mais ce qui venait ajouter indubitablement à sa légende un côté mortifère, c’était que les deux couleurs, le noir et le rouge, de son habillement étaient en adéquation avec la forme de sa magie. Le Chevalier de Sang faisait partie des rares chevaliers maîtrisant un pouvoir magique. Le Duc Callistar connaissait parfaitement l’usage du mana et l’utilisait durant ses combats. À ce qu’on disait, le pouvoir du Chevalier de Sang serait également noir et rouge. L’énergie magique qui émanait de lui se matérialisait en un tourbillon épais de ces deux couleurs qu’il utilisait contre ses ennemis. Le rouge du sang appelant le noir des ténèbres. Certains prétendraient même qu’à ce stade, cela ne pouvait qu’être de la magie noire. Toujours était-il que le Roi voyait en lui son plus fidèle soutien.

 

Ils arrivèrent devant l’entrée du château. La calèche s’arrêta devant un grand escalier. Les habitants passaient devant le château sans que cela semblât poser des problèmes de sécurité. Seuls deux gardes étaient postés devant la grande entrée. Pourtant, le regard d’Aélis s’arrêta sur un homme à petites lunettes, plutôt grand, le cheveu gris attaché en une queue discrète à l’arrière. Il ouvrit la porte de la calèche et lui tendit sa main.

— Bienvenue au château d’Althéa, Demoiselle Aélis De Middenhall. Je suis Mills Aicard, le maître de maison de Messire, le Duc Callistar. Laissez-moi être également votre meilleur soutien dorénavant.

Sa main tendue et son sourire chaleureux lui ôtèrent un peu l’angoisse qui plombait son humeur jusqu’à maintenant. Entendre en première parole qu’elle n’était pas seule dans cet enfer, qu’elle avait une aide, lui fit plaisir. Sans doute ne réalisait-il pas combien son geste et ses mots la touchaient, mais ils avaient pour effet de rendre moins dramatique cet emménagement ici. Elle accepta sa main tendue et descendit de la calèche en lui soufflant un « bonjour et merci ! ». Son père descendit à sa suite.

— Bonjour Sire Fergus De Middenhall. Heureux de constater que vous avez fait bon voyage.

— Bonjour… répondit prudemment Fergus.

— Je vous présente le château d’Althéa !

Il fit un grand geste de bras tout en se tournant vers le château. Il ne semblait pas tout récent, mais plutôt grand. De briques apparentes rougeâtres, sa façade d’accueil est composée de deux tours de chaque côté de l’entrée, d’un haut parapet orné de créneaux et d’une grande porte devant laquelle les deux soldats étaient postés. Pas de tentures. Juste le blason d’Althéa gravé dans la roche.

— Je suis surprise de voir le château si peu protégé des habitants de la ville… déclara alors Aélis, tout en regardant l’ensemble.

— Althéa est une ville paisible. Grâce aux faits d’armes de notre Seigneur et de ses chevaliers à travers les différentes contrées, peu de personnes osent s’en prendre à son fief. La sécurité s’active au niveau des remparts qui entourent la ville. Nous ne souhaitons pas une grande expansion. Aussi les remparts permettent de différencier à la fois ceux qui vivent à l’intérieur et ceux qui arrivent de l’extérieur. Un intrus sera vite repéré par les villageois et la sentinelle. De plus, les villageois n’ont aucun intérêt à attaquer le château. Notre Duc assure leur sécurité, il en va donc de même pour eux vis-à-vis de nous.

Aélis contempla l’activité autour du château. Elle pouvait sentir des regards suspects venant des gens qui passaient. Savaient-ils qu’elle allait devenir leur duchesse ?

— Suivez-moi ! leur dit alors Mills. Je vais vous montrer un peu mieux votre nouvel habitat.

Sa capuche vissée sur la tête, Aélis et son père se regardèrent, peu certains de ce qu’ils allaient découvrir. Les soldats se mirent au garde-à-vous à leur passage de la grande porte. Ils arrivèrent dans le grand hall d’entrée du château et découvrirent une lignée de domestiques de part et d’autre.

— Voici le personnel qui vous servira, Mademoiselle.

Tous se penchèrent devant eux, mais Aélis y prêta peu attention. Comme dans chaque château, le service auprès des nobles restait le même. Et même si elle était leur maîtresse, elle sentait une certaine méfiance de leur part. Une froideur qui contrastait avec Mills. Étaient-ils inquiets du sort qu’elle pourrait leur réserver ? Aélis préféra ne pas y penser et regarder les plafonds du château, et notamment les lustres magnifiques qui illuminaient le couloir qu’ils traversaient. Elle priait pour qu’il la conduise vers quelque chose qui lui ôterait ce poids mélancolique qu’elle avait, depuis qu’elle avait rencontré le Roi.

Ils arrivèrent dans une autre pièce, plus petite, plus intimiste aussi avec des fauteuils.

— Voici la salle d’attente. C’est une pièce intermédiaire entre l’entrée et la grande salle. Nous faisons patienter ici les visiteurs, le temps d’informer Mon Seigneur Callistar de leur venue.

— Allez-vous nous faire attendre ici, jusqu’à ce qu’on le prévienne que je suis arrivée ? demanda alors Aélis.

— Non, Demoiselle De Middenhall. Il n’est pas au château actuellement.

— J’arrive et il n’est pas là pour m’accueillir ? s’exclama Aélis, surprise de son absence. Ça commence bien !

— Aélis ! gronda son père, tout en lui donnant un coup de coude réprobateur auquel elle répondit par une grimace de tracas.

Mills sourit.

— Le Duc Callistar avait un rendez-vous à traiter.

— Plus important que sa future femme ? insista-t-elle, vraiment agacée par cette impolitesse d’emblée.

— La priorité se décide souvent selon la déconvenue à venir si l’objet du rendez-vous n’est pas traité rapidement. Il sait qu’il a toute votre vie à deux pour se faire pardonner. Son rendez-vous, non !

Aélis se raidit face à son sourire amusé. Elle se mit à rougir sans vraiment le vouloir. Toute une vie pour se faire pardonner… Cela lui semblait complètement en inadéquation avec le personnage réputé plutôt sinistre. Pourtant, elle imaginait une entente intime possible et de la douceur d’après ses propos. Son trouble devait se lire sur son visage. Son père lui serra la main et lui sourit.

— Ne te formalise pas pour si peu. Tu auras bien le temps de le rencontrer…

 

Mills leur fit visiter tout le château. Il était grand, mais il avait quelque chose de rassurant. On se repérait vite dans sa configuration. Aélis ne savait pas si c’était l’effet Mills dans sa présentation conviviale qui lui permettait d’être moins stressée, mais elle finit la visite avec une note d’espoir. Son père avait peut-être raison : elle devait garder courage. Mills finit par les laisser se reposer et se rafraîchir dans leurs chambres respectives. Cela soulagea Aélis. Elle avait un endroit pour être seule et souffler. Elle se sentait exténuée par toutes ces convenances et ce nouvel environnement. Entrer dans un terrain hostile était une chose, trouver un moyen d’y survivre en était une autre. Elle se félicita pour l’instant de cette journée. Mills y était sans doute pour beaucoup. Elle venait à penser qu’elle pourrait lui faire confiance. Du moins, elle l’espérait. Dans la noblesse comme ailleurs, tout le monde pouvait s’avérer être une personne décevante. Son père en était l’exemple. Même si elle comprenait sa position, elle lui en voulait de la trahir de la sorte en l’offrant aux désirs du Roi. Elle entendit alors qu’on frappait à sa porte.

— Oui ? répondit-elle alors d’une voix forte.

— Bonjour, Demoiselle. Je suis Éliette, votre dame de chambre.

 

 

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LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 1

Bonjour à tous ! 

C’est avec excitation, joie, mais aussi appréhension que je partage avec vous ce premier chapitre de ma nouvelle saga, une romance heroic fantasy. Je dois dire que c’est un genre tout nouveau que je vous propose et j’espère que vous me suivrez dans cette nouvelle histoire. J’ai toujours rêvé de créer un univers aussi génial que les romances fantasy que j’ai pu lire en manga. J’espère que c’est chose faite avec  » Là où mon coeur te retrouvera… ». J’ai hâte que vous découvriez tout ce petit monde. N’hésitez pas à me dire vos premières impressions en commentaires et à évaluer ci-dessus le chapitre !

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

1

Le destin a un nom :

Hélix Mildegarde !

 

Quelques mois auparavant…
 

— Allez, ma chérie ! Dépêche-toi ! Nous ne devons surtout pas être en retard pour notre entretien avec le Roi !

Amusée, Aélis regarda son père, Fergus De Middenhall, Baron de Piléa, l’obligeant à accélérer le pas en la tirant par la main. Son père était l’un des conseillers du Roi. Il était sollicité régulièrement par la cour en tant qu’expert architecte, au point d’avoir pu asseoir sa réputation dans son domaine aujourd’hui en partie grâce à lui. Il a été l’homme ayant rénové le château royal d’Avéna lorsque le Roi Hélix Mildegarde a hérité du trône de son père, feu le Roi Angus Mildegarde. Le Roi Hélix Mildegarde a entrepris de grands chantiers pour imposer son image à travers le royaume et effacer l’histoire sombre liée au règne de son père, et c’est ainsi que Fergus fut choisi comme maître d’œuvre.

 Travailler pour un roi, c’était soit lui donner satisfaction, soit finir six pieds sous terre. Le droit à l’erreur restait quelque chose que le Roi Mildegarde ne concédait guère. Question d’autorité oblige. Fort heureusement, le père d’Aélis était réellement bon dans son domaine. Il avait pu montrer ses compétences et satisfaire le Roi, année après année. Le royaume devait son image de grandeur en partie grâce aux travaux de son père.

 

De ces résultats satisfaisants était née une grande confiance du Roi pour lui, teintée néanmoins d’une grande pression pour Fergus De Middenhall.

 

Aélis sourit en admirant cet homme aguerri face aux frasques du Roi qui s’amusait à le presser de la sorte. Malgré la confiance de Hélix Mildegarde acquise au fur et à mesure des années en répondant à ses souhaits les plus ubuesques, son père restait un homme inquiet. Bien plus inquiet qu’elle ne l’était pour lui ! Même s’il s’agissait du Roi, la relation qui en avait découlé avec lui au fil du temps s’était transformée en une sorte d’amitié retenue. Le Roi n’était plus au stade de le tuer pour dix minutes de retard. Il était évident qu’il verrait cela comme un énorme gâchis s’il perdait un tel architecte pour de telles futilités. Il se trouverait sans nul doute fâché, mais ne tuerait pas pour si peu l’homme qui l’aidait depuis le début à forger sa légende. Son père était une valeur sûre à ses yeux.

Lorsqu’ils arrivèrent à la salle du trône, ils furent tous deux essoufflés, mais soulagés d’être enfin devant lui. La robe d’Aélis lui collait un peu aux jambes ; elle devait avoir la peau moite de transpiration, mais qu’importe ! Il fallait juste sourire et paraître stoïque, mais soumise, devant le Roi. Accoudé sur le rebord de son trône, le menton posé entre ses doigts, Hélix Mildegarde souriait de manière hautaine.

— Vous voilà enfin, Fergus ! fit le Roi tandis que Fergus et Aélis le saluaient d’une révérence. J’étais à deux doigts de quérir une troupe de soldats pour vous extirper de chez vous !

— Veuillez pardonner notre retard, votre Majesté. Notre excuse serait sans nul doute insuffisante pour calmer votre éventuel courroux, mais nous avons fait au mieux pour être ici dans les meilleures dispositions.

Bien obligée de garder la tête baissée, Aélis ne vit pas la réaction du Roi à la réponse de son père, mais sa voix l’impressionnait autant que sa prestance qu’elle sentait s’appesantir sur ses épaules.

— Vous semblez effectivement en peine, entre vos poitrines qui se soulèvent et votre sueur vous faisant scintiller sous les lustres de cette salle.

Des rires retentirent dans la salle où quelques membres de la noblesse s’étaient invités de part et d’autre de l’allée centrale. Aélis entraperçut son père s’incliner davantage pour s’excuser une nouvelle fois de leur piètre arrivée. Que ne fallait-il pas faire pour satisfaire le Roi ? Cela l’agaçait un peu, mais avaient-ils le choix ? Elle réalisa que l’amitié qu’elle pensait avérée entre le Roi et son père était peut-être surévaluée. Son père craignait bien plus les humeurs de cet homme que les réelles fautes qu’il pouvait commettre à son encontre.

 

Le Roi congédia les nobles d’un signe de main pour entamer une discussion sans doute d’ordre plus privée. Rien qui ne surprit Fergus, habitué à la discrétion lorsqu’il s’agissait de parler de projets pour la grandeur du Royaume d’Avéna.

— Redressez-vous, cher ami ! déclara alors Hélix Mildegarde, tandis qu’il soufflait d’agacement. Si je vous ai conviés aujourd’hui, ce n’est pas pour parler de votre retard ni de nos projets en cours, mais de mon nouveau projet.

Son père se redressa tandis qu’Aélis restait courbée. Ses chevilles lui faisaient un mal de chien, mais le protocole restait le protocole.

— Votre nouveau projet ?

— Effectivement !

— Votre Majesté, il va être difficile de commencer autre chose en sachant tout ce qui est déjà en cours ! Je n’aurais pas assez d’hommes pour…

— Silence ! Cessez de brailler ! 

Il se leva de son trône et descendit les quelques marches le séparant de Fergus et de sa fille. Il s’avança ensuite vers eux, du moins vers Aélis. Son inquiétude augmentait sa curiosité, mais elle garda sa position tandis qu’il la contournait doucement. Aélis sentait son regard inquisiteur sur elle et bizarrement, cela lui déplaisait, car elle en venait à penser que son nouveau projet la concernait.

— Voici donc votre fille…

Fergus De Middenhall s’empressa de les présenter.

— Voici ma fille, oui. Aélis Jenna De Middenhall.

Tandis que le Roi stoppait sa progression autour d’elle, Aélis put l’entendre émettre un grognement satisfait.

— Quel âge a-t-elle à présent ?

— Dix… Dix-huit ans…

— Ne serait-il pas bon ton de penser à la marier ? Elle a plus que l’âge,

non ?

Les yeux d’Aélis s’écarquillèrent. Les voilà repartis dans les discussions de nobles sur la bonne vieille tradition de se donner au premier aristocrate qui pourrait améliorer les réputations de chaque famille.

— Nous y songeons, Votre Altesse. Ma femme et moi prenons juste le temps d’offrir à notre fille le meilleur parti qui soit. Vous pouvez comprendre combien un père souhaite voir sa fille heureuse et non affligée par la tristesse. Aélis n’a déjà pas eu une vie facile…

Le Roi émit un nouveau grognement. Était-ce une approbation ou une déconvenue ? Aucun, de son père ou d’elle, ne pouvait le dire. Tout ce qu’ils savaient, c’était que ses demandes restaient suspicieuses et angoissantes.

— Relevez-vous ! ordonna alors le Roi à Aélis. Retirez votre capuche.

 

Aélis jeta un regard paniqué à son père, qui l’invita à obéir malgré ses réticences. Cette dernière s’exécuta, mais sa gorge se serra et son sourire de convenance se crispa quand elle croisa son regard. Elle put enfin voir le Roi sur toute sa hauteur. Il avait la quarantaine affirmée et faisait deux têtes de plus qu’elle. Une cicatrice sur la joue, des cheveux noirs grisonnants et de grands yeux verts. Sa barbe était impeccable et sa tenue, digne de sa grandeur. Un grand manteau bleu marine aux ornements dorés, une énorme bague à l’annulaire droit et une chevalière au majeur gauche. Sa posture altière et son sourire la glaçaient. Elle ne savait pas quoi penser de lui. Elle pourrait le trouver sympathique, mais elle décelait dans son intérêt pour elle quelque chose qui lui donnait des frissons. Tout en lui indiquait qu’il préparait un coup qui la concernait directement.

— Jolie jeune femme ! commenta-t-il alors tout en relevant son menton de son index et incrustant son regard vert dans celui de la jeune femme. Elle a bien grandi depuis la dernière fois que je l’ai vue. Elle était encore enfant…

Il tourna à nouveau autour d’elle et s’arrêta dans son dos.

— Elle a les magnifiques cheveux argentés de sa mère… Quel dommage de les cacher !

— Vous savez bien que ce qui est différent de la norme demeure suspicieux aux yeux de beaucoup… lui murmura Fergus.

Hélix Mildegarde considéra les propos de son architecte avec intérêt et remarqua la tristesse sous-jacente dans sa voix. Il toucha alors la pointe de sa chevelure furtivement. Aélis se raidit devant ce geste gênant. S’il y avait bien un sujet sur lequel elle restait tendue, c’était bien la particularité de sa chevelure.

— Chevelure toujours aussi fascinante ! Comment va Christa ?

Aélis s’étonna d’autant de familiarité en écoutant le Roi Mildegarde citer sa mère par son prénom. Son père ne sembla pas s’en offusquer. En même temps, le Roi restait le Roi. Que pouvait-il dire sur ce point de politesse ?

— Elle va bien, je vous en remercie. Elle vous passe le bonjour. Pour revenir à votre projet, Votre Grandeur…, l’interrompit son père dans sa contemplation, je vous écoute.

Le Roi lâcha un « hum » grognon et tourna autour d’eux en silence, les mains derrière son dos.

— Fergus, vous êtes à mon service depuis un moment maintenant…

— Oui, Votre Excellence.

Son père inclina légèrement sa tête. L’attente que laissait planer le Roi sur son projet était insupportable, mais ils ne pouvaient que se plier à ses humeurs. Encore et toujours.

— Que souhaitez-vous que je construise pour vous ?

— Un avenir ! répond-il alors très rapidement, ce qui interloqua son père.

— Votre avenir vous inquiète encore ? osa l’interroger Fergus.

Le Roi s’arrêta devant eux et fixa Aélis.

— Il ne s’agit pas de mon avenir… Je suis à un stade où j’ai construit plus qu’il n’en faut et si ma vie devait s’arrêter aujourd’hui, je n’aurais aucune forme de regret. J’ai un royaume prospère, une réputation connue à travers toutes les contrées, une famille avec un héritier…

Il reprend sa marche, songeur.

— Il s’agit de l’avenir de quelqu’un qui pourrait ne jamais connaître l’avenir dont je jouis actuellement…

— Le futur de votre fils vous inquiète ? répondit Fergus. Son avenir est pourtant tout tracé.

Le Roi s’arrêta à nouveau et lança un regard dur au père d’Aélis.

— Mon fils ? Tsss ! Malgré sa jeunesse, je reste conscient des capacités de chacun. Qui pourrait dire quel avenir mon fils vivra ? Je ne veux pas écouter les oracles. Le trône lui est certes destiné, mais la descendance, le sang, ne font pas pour autant un bon roi dès sa naissance. Il doit gagner son avenir. Pour l’heure, il n’est pas prêt à endosser une telle responsabilité.

— Il n’a que quinze ans ! relativisa Fergus. Il a encore le temps de faire ses preuves…

Le Roi regarda vers les fenêtres du château, l’air pensif.

— Le temps… quelle notion absurde dans notre monde. Tout peut arriver du jour au lendemain… Nous savons tous les deux combien des populations peuvent disparaître en un claquement de doigts ou bien vivre selon le bon vouloir d’une personne. Qui sait si mon fils sera celui qui claquera ses doigts ou celui qu’on exécutera d’un claquement de doigts ? Il faut avant tout avoir un tempérament de leader et mon fils a beaucoup de travail à faire à ce niveau-là… Non, je ne pense pas à lui. Effectivement, même s’il a l’âge de certaines choses, il n’est pas prêt à tout.

— Qui pourrait jouir de votre exemplarité si ce n’est votre héritier dans ce cas, si je puis me permettre ?

Le Roi regarda Aélis une nouvelle fois.

— Il y a une personne proche de moi qui a besoin de votre aide pour se construire autrement de ce qu’il est actuellement. Vous construisez les plus belles choses de ce royaume ; il est donc logique que je vous sollicite ! Il refuse mon aide. En soi, il n’a jamais attendu après personne pour survivre. Cela peut se comprendre que mon intervention l’agace. Pourtant, il est à un stade où il lui faut évoluer autrement pour prendre vraiment sa place dans ce royaume.

— Que souhaitez-vous que je construise pour lui, Votre Grandeur ? Une statue ? Un château ?

Le Roi se positionna devant Fergus et le fixa avec sévérité.

— Fergus, vous avez été exemplaire jusqu’à présent. J’ai toujours pensé que vous aviez un caractère droit, fidèle, altruiste et ne fléchissant pas devant l’impossible. Vous me l’avez prouvé à maintes reprises. Christa est des plus apaisées et protégées grâce à vous. Mes demandes fantasques, vous les avez toujours réalisées et je ne doute pas aujourd’hui que vous y répondiez une nouvelle fois favorablement.

Le Roi se tut quelques secondes, le temps de jauger les réactions perdues du père d’Aélis, avant de reprendre.

— Votre rigueur, vous l’avez sur tous les pans de votre vie.

— Je fais de mon mieux, votre Splendeur.

Le Roi se mit à sourire.

— Plus vous me flattez avec vos différentes appellations, plus je pense pouvoir tout vous demander, vous le savez ?

La remarque du Roi laissa son père perplexe.

— J’ai besoin de la plus belle de vos fabrications : votre fille, Aélis.

— Quoi ? firent les De Middenhall en chœur.

Le Roi fixa alors Aélis.

— Fergus, votre fille est votre sang, je l’entends ! Je sais qu’elle est un trésor à sauvegarder et je pense qu’elle le sera d’autant plus, après ma réflexion sur le sujet. Je sais aussi qu’elle a reçu l’éducation qu’il faut pour la personne que je souhaite aider.

— Ma fille… répéta Fergus, estomaqué par la possibilité de l’embrigader dans les projets du Roi. Qu’attendez-vous d’elle exactement ?

Hélix Mildegarde sourit à son fidèle serviteur.

 — Elle sera parfaite comme épouse.

 

Le cœur d’Aélis se serra. La panique s’installa en elle. Elle voyait son père écarquiller les yeux sans pouvoir trouver à redire. On parlait du Roi. Qui pouvait refuser quoi que ce soit émanant de lui ? Elle se sentit blêmir et faiblir devant l’aura monstrueuse du Roi qui la contemplait tel un juge l’envoyant à la guillotine. Le Roi souhaitait la marier à quelqu’un. Il lui imposait un mari, une vie qu’elle ne pouvait choisir. Son annonce la foudroya. Elle sentit disparaître en elle son innocence à croire qu’elle pouvait rester maître de son destin.

— À… qui voulez-vous la marier ? demanda alors son père d’une voix éteinte.

— À mon fidèle bras droit. Celui avec qui je partage le plus de victoires et de satisfaction : le Duc Callum Callistar.

Les jambes de la jeune femme faiblirent et elle s’écroula au sol. Le couperet était tombé et elle était morte. Littéralement. On pouvait la confier à un vieux, un pervers, un avare, mais la voilà envoyée dans les bras de l’homme le plus violent du royaume, le plus sanguinaire au point qu’on l’appelait le Chevalier de Sang d’Althéa : Callum A. Callistar. Les larmes quittèrent ses yeux pour couler sur ses joues. Aujourd’hui, elle avait appris l’annonce la plus funeste la concernant.

 

 

                                                         


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