LOMCTR – T1 : Pour le meilleur. Pour le pire. – Chapitre 6

Bonjour à tous ! 

Chapitre 6 !

Nous approchons de la date de sortie ( pour rappel, l’ebook sort le 13 octobre ).

En attendant, je vous poste deux chapitres supplémentaires pour vous les abonnées. 

Enjoy !

©Jordane Cassidy – 2022


 

6

 

Aller de l’avant…

 

 

Aélis n’avait pas dormi de la nuit. Des images du Duc et de ses yeux rouges s’immisçaient dans ses rêves et elle se réveillait systématiquement. Cette rencontre l’avait ébranlée. Elle avait peur. Elle avait comme cette impression malsaine qu’il était constamment derrière son dos, prêt à lui enfoncer son épée dans le corps. Cela la terrifiait. Elle en arrivait à avoir des sueurs froides. Elle imaginait combien le garde de l’entrée du château avait dû se sentir mal, aussi bien pour sa propre vie que pour la sienne. Sampa, son prénom, lui devait la vie et elle ne doutait pas qu’il agirait en conséquence, même si elle ne lui demandait rien en retour. En vérité, même s’il le faisait en retour pour l’acte héroïque qu’elle avait eu pour le sauver, il le faisait aussi et surtout pour la satisfaction de son seigneur. Le Duc avait été clair : il devait sa vie à sa duchesse. C’était bel et bien un avertissement auquel il n’y avait pas de seconde chance de survie possible s’il échouait. Si elle n’aimait pas sa position actuelle, empêtrée dans un mariage qu’elle ne souhaitait pas, ce pauvre Sampa devait encore moins aimer la sienne et cela la navrait. Elle détestait ce type de pression où il n’y avait aucune issue favorable.

 

Elle décida de quitter sa chambre. Elle étouffait à nouveau et elle n’avait pas la patience d’attendre l’arrivée matinale d’Éliette. Elle traversa donc les couloirs, en tenue de nuit, et se rendit vers les cuisines. À se réveiller sans cesse, elle en avait faim ! Même si elle commençait à bien se repérer dans le château, elle n’avait pas encore eu l’opportunité de voir à quoi ressemblaient les cuisines. À vrai dire, ce n’était pas un lieu où devait se trouver une châtelaine, mais tant pis. Elle croisa des domestiques, étonnés de la trouver dans leurs quartiers, mais aucun n’osa l’interpeller. Elle arriva dans la cuisine et un long silence s’en suivit lorsque l’on s’aperçut de sa présence.

— Bonjour ! déclara-t-elle doucement. Je suis Aélis De Middenhall… Je suis la promise du Duc et…

Elle se tut alors, tandis qu’on la dévisageait. Aélis réalisa combien sa présence était gênante en ce lieu et combien sa chevelure non cachée de tous en cette heure si matinale devait aussi les troubler. Elle passa timidement sa main dans ses cheveux.

— Je voulais savoir si… vous n’auriez pas quelque chose à grignoter ?

Une femme de forte corpulence regarda l’heure, puis l’état de la cuisine. Aélis s’empressa alors de rassurer tout le monde.

— Je suis désolée d’arriver à une telle heure avec une telle demande, mais j’ai très mal dormi et…

— Vous avez faim ! continua la dame.

Aélis lui sourit timidement, mais navrée.

— Vous nous prenez un peu au dépourvu à cette heure-ci, car nous prenons à peine notre service de la journée, mais nous allons vous trouver rapidement quelque chose à mettre dans votre estomac. Allez dans la salle à manger, nous allons nous occuper de vous.

 

Aélis regarda la grande table en chêne au milieu de la cuisine.

Des légumes y trônaient, ainsi que de la vaisselle propre, des torchons et des épices.

— Puis-je m’installer plutôt à cette table ? Je ne veux pas déranger tout le monde pour un service !

— Madame, votre place n’est pas dans les cuisines, voyons ! répliqua la femme. Vous allez vite être déconvenue par l’agitation.

Elle observa les autres domestiques de cuisine qui la contemplaient avec inquiétude. Il était clair qu’elle les effrayait du fait de son statut de noble, puis sans doute par la couleur de ses cheveux, bizarres pour son jeune âge. Ils avaient sans doute peur de ses possibles réactions.

— Madame, lui dit alors Aélis de façon contrite, je crois que je n’ai pas très envie… de rester seule.

Elle prit un air triste auquel la femme sembla faillir.

— Tengri, aide à installer Madame à notre table. Lotis, prépare un bouillon. Eruca, cours voir si le boulanger a du pain de préparé malgré l’heure. Les autres, au boulot !

Chacun s’affaira à sa tâche et Tengri vint à elle pour lui présenter le long banc longeant la table. Tout était orchestré avec efficacité. La dame qui semblait être la cheffe des cuisines cria des ordres et les casseroles lui répondaient dans un vacarme incroyable. C’est une symphonie de bruits assez déroutante, mais très agréable à écouter et à observer. Voir du monde retrouver ses aises lui faisait du bien. Très vite, des couverts apparurent devant elle et on lui servit un peu d’eau. Une domestique dont elle ignorait le nom s’occupa de couper des légumes sur la table devant laquelle elle était assise avant de les donner à Lotis.

— Pardonnez-moi, Madame, mais je n’ai pas d’autre endroit pour couper les légumes ! déclara la domestique, tracassée de paraître irrévérencieuse.

Aélis lui sourit.

— Faites ! Ne vous souciez pas de ma présence.

En vingt minutes, son bouillon vint chatouiller ses narines et elle se sentit heureuse. Eruca arriva alors, essoufflée, et déposa le pain tout chaud du boulanger sur la table. La cheffe en coupa alors un morceau qu’elle déposa à côté de son assiette.

— Bon appétit, Madame. Nous allons vous laisser manger.

— Oh non ! s’écria alors Aélis. Vous pouvez vaquer à vos tâches. Ne vous retardez pas à cause de moi ! Faites comme si je n’étais pas là !

Ses remarques semblèrent vraiment surprendre tout le monde. Elle sentit la gêne autour d’elle. Elle pouvait comprendre leur méfiance, mais elle n’avait pas envie de se battre ce matin. Son entrevue avec le Duc la veille lui avait suffi.

— Madame, il nous est impossible d’ignorer votre présence.

Cela va contre le protocole.

Aélis baissa les yeux. Elle les indisposait, elle en était consciente.

— Dans ce cas, disons que je viens inspecter votre façon de travailler. Je peux trouver une excuse à ma présence en ces lieux si vous le souhaitez, cela sera moins gênant peut-être.

La cheffe des cuisines sonda son comportement un instant, puis sourit.

— À votre aise, Madame. N’hésitez pas à nous solliciter si vous avez besoin de quelque chose.

Aélis lui renvoya sa bienveillance avec soulagement et se saisit de la cuillère pour porter le bouillon tout chaud à ses lèvres.

— Mmmh ! Ça fait du bien ! Merci !

— À votre service, Madame !

— Puis-je vous demander votre nom ? osa demander Aélis.

La cheffe écarquilla les yeux, surprise sans doute par cette familiarité qu’elle osait adopter. Du moins, cette distance qu’elle réduisait volontairement entre elles deux.

— Je m’appelle Sativa.

— Enchantée, Sativa ! Je suis heureuse de goûter le bouillon de vos subalternes et le pain ramené par Eruca de chez le boulanger ! Mon estomac vous dit merci !

Sativa la contempla avec perplexité, comme si Aélis était un ovni parmi les nobles. Cette dernière se contenta de manger en silence. Finalement, Aélis sentit Sativa relâcher ses craintes et se décider à donner les ordres pour la suite de la journée à tout son petit monde.

 

~~~~~~~~~~~

Son réveil matinal permit à Aélis de se balader à la fraîche dans les jardins du château, une fois Éliette disposée à s’occuper d’elle. Elle en avait assez de l’apercevoir de sa fenêtre et souhaitait le découvrir de plus près. Le jardin derrière le château était grand, mais de petite taille, comparé à d’autres jardins qu’elle avait pu fouler au gré des invitations de son père dans différents fiefs. Il n’était pas à l’abandon, mais elle nota qu’il y avait peu de fleurs. Était-ce une demande du Duc ? Elle vit aussi peu d’oiseaux. Cela l’étonna un peu. Elle trouva cela dommage. Mais son regard s’attrista surtout lorsque ses yeux se posèrent sur un kiosque. La tonnelle était complètement délabrée, envahie par du lierre qui en étouffait les boiseries. Des tuiles étaient manquantes et remplacées par de grandes toiles d’araignée. Le pavillon était suffisamment grand pour y passer du temps à se reposer ou lire, peut-être même inviter des amis pour un thé. Elle n’avait pas d’amis ici, mais elle imaginait pourtant la quiétude que pouvait offrir ce kiosque. Un endroit de recul, un refuge assez loin du tumulte du château, mais suffisamment près de ce dernier pour être vite disponible. Elle sentit en cet endroit de vieilles histoires, un passé, mais aussi l’oubli.

Pourquoi ce jardin était-il dans un tel état ? Le Duc n’était-il donc pas quelqu’un aimant la nature ?

— Ne rentrez surtout pas à l’intérieur !

Aélis sursauta et se retourna pour voir qui venait de l’avertir. Il s’agissait de Mills.

— Il ne faudrait surtout pas qu’une poutre lâche au moment où vous vous y trouvez dessous !

— Pourquoi est-il dans cet état ? s’enquit-elle.

— Ma foi, personne ne se sert de ce jardin, donc il n’y a aucun intérêt à réellement l’entretenir.

Aélis grimaça. Était-elle donc la seule à se sentir navrée de son état ?

— Dans ce cas, je serai la première ! Serait-il possible de faire venir quelqu’un pour nettoyer les parterres, couper toutes ces ronces et ce lierre qui envahissent les arbres, les murs et ce kiosque ?

— Je vais voir ce que je peux faire… lui répondit Mills tout en s’inclinant.

Aélis lui sourit, ravie de voir sa demande être considérée et non refusée pour une quelconque raison.

— Madame, je viens à vous pour savoir si vous allez bien. Avez-vous bien dormi ?

Son visage surpris devait surprendre également Mills, qui approfondit alors sa pensée.

— Votre état d’hier…

— Oh ! Ça… Sativa vous a parlé de ma venue en cuisine tôt ce matin ? Disons que j’ai du moins bien dormir que le Duc, c’est certain !

Aélis fit une moue contrariée à cette évocation.

— Le Duc dort très peu, vous savez. Il a le sommeil léger et souvent perturbé.

Aélis ne répondit rien à cette remarque.

— Je suis désolé d’apprendre que cette histoire ait troublé votre sommeil… reprit Mills.

— Ça va aller ! se voulut-elle rassurante. Disons que je ne m’attendais pas à une telle confrontation comme première rencontre…

— Le Duc peut paraître froid et effrayant en armure, mais je suis sûr que vous parviendrez à l’apprécier.

Bizarrement, cette fois-ci, elle avait du mal à croire Mills. Elle soupira et regarda le ciel bleu.

— J’aimerais vraiment partir sur une base de paix plutôt que de guerre avec lui, mais je doute de trouver en lui quelque chose qui m’apaise. Il est très impressionnant.

— C’est vrai. Il fait cet effet aux gens qui ne le connaissent pas et ils sont nombreux. Il entretient sa réputation au-delà de ses faits de guerre. Cependant, ses amis restent très fidèles et voient en lui un homme admirable.

— Ses amis ? Je me demande qui ils sont ? Par moments, j’aimerais bien les connaître… pour le comprendre peut-être et me sentir moins seule.

Son cœur se serra. Il était vrai que son plus gros défi actuel était cette solitude permanente. Ses parents lui manquaient.

— Si vous souhaitez vous confier à quelqu’un de fiable en attendant, il vous reste toujours notre prêtre, à la petite église attenante au château. Il y a un confessionnal, et ce que vous pourrez y raconter restera entre vous et le Tout-Puissant. Vous n’aurez aucun jugement et cela pourra peut-être vous soulager un peu.

Aélis fixa Mills avec surprise. Elle pouvait avouer que cette idée était lumineuse. Elle n’était pas la plus grande des ferventes catholiques, mais ce prêtre pouvait être effectivement sa bouée de salut pour l’instant.

— C’est une très bonne idée ! Merci Mills ! Est-il actuellement à l’église ?

— Oooh, il y a de grandes chances. C’est un jour tranquille aujourd’hui !

 

 

 

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